«Le chantier du macronisme, c’est d’élargir son assise sur la droite»
Confronté à une désaffection parmi ses électeurs de gauche, le parti de la majorité cherche à concurrencer Les Républicains. Jérôme Fourquet, de l’Ifop, explique la recomposition en cours, de LREM au RN.
Pour Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l’Ifop, l’électorat de droite sera le principal champ de bataille de la campagne européenne.
Le scrutin européen est traditionnellement peu mobilisateur et centré sur des enjeux nationaux. A-t-on des raisons de penser que celui-ci échappera à la règle ? A ce stade, ce n’est pas évident. Une part im- portante de la population ne sait pas que des élections auront lieu en mai et il n’y a pas d’éléments objectifs qui permettent d’imaginer un surcroît de mobilisation. Un certain nombre de sujets européens sont susceptibles d’orienter le débat : Brexit, montée des populismes, changement climatique… Mais il sera tentant pour certains partis d’aller au plus simple et de prôner un vote sanction contre Emmanuel Macron. Cette «nationalisation» du scrutin serait à son comble si l’exécutif décidait en plus d’organiser le même jour un référendum sur les propositions issues du grand débat…
Le parti présidentiel est-il en mesure d’élargir son électorat lors de ce scrutin ? Une partie des électeurs de gauche qui ont voté Macron au premier tour ont quitté le giron macroniste. Ceux qui restent sont soit résignés, parce qu’ils ne trouvent pas d’autre point de chute, soit ont fait avec lui leur «coming out» libéral. Mais les pertes à gauche sont compensées par le ralliement d’une partie de la droite. En février, le Président a regagné 6 points dans l’ensemble de la population, mais 18 points parmi les électeurs de François Fillon. Il est vrai que le chef de l’Etat fait tout, depuis des semaines, pour séduire ce segment-là. Le grand chantier du quinquennat, c’est d’élargir sur la droite l’assise électorale du macronisme.