Pédophilie: la feuille de route du pape
Comme pour un début de conclave, ils ont chanté ensemble un vieil hymne en latin, le Veni Creator, implorant Dieu de leur apporter sa lumière. Plus de 200 évêques et cardinaux catholiques du monde entier sont réunis au Vatican jusqu’à dimanche pour un sommet historique sur la pédophilie dans l’Eglise, convoqué en septembre par le pape François. Ferme et grave, le chef de l’Eglise catholique a signifié jeudi matin que «des mesures concrètes» étaient désormais attendues. En préambule, les prélats ont écouté des témoignages préenregistrés de victimes. «Les participants ont été bouleversés. Même ceux qui déjà avaient rencontré des personnes ayant subi des abus», assure Romilda Ferrauto, la porte-parole francophone du Vatican. Objectif : montrer que l’Eglise prend désormais en compte les victimes. Ce qui n’a pas été toujours le cas, loin de là. Les travaux devraient aussi, selon des sources au Vatican, porter sur la manière de mettre fin au système d’omerta qui a prévalu, depuis plus d’une cinquantaine d’années, dans la gestion des affaires d’abus sexuels dans l’Eglise. «Nous percevons la volonté de s’attaquer à la question», indique Jacques Nuoffer, président de Sapec, une association suisse de victimes, et membre de l’ONG internationale ECA (Ending Clergy Abuse). Le Vatican a diffusé jeudi après-midi une feuille de route en 21 points qui «balaient l’ensemble du problème», note le prêtre français Pierre Vignon. Parmi les propositions : une sélection plus stricte des candidats à la prêtrise, la nécessité de mettre en place des procédures lorsque des affaires éclatent, l’établissement de protocoles quand des évêques sont mis en cause. «Ce que nous regrettons, c’est qu’il n’y ait pas encore de prise de position claire sur la nécessité d’une dénonciation systématique aux autorités judiciaires civiles», remarque Nuoffer. Pour Pierre Vignon, la feuille de route laisse encore trop de place à l’évêque pour la gestion des cas. BERNADETTE
SAUVAGET Envoyée spéciale à Rome