Libération

«SOCIALES, ÉCONOMIQUE­S, CULTURELLE­S… LES DOMINATION­S PEUVENT ÊTRE D’ORDRES TRÈS DIVERS»

-

MICHELLE ZANCARINI-FOURNEL (professeur­e émérite à l’université Lyon-I) «Telle que je l’ai mise en oeuvre, l’étude du “populaire” consiste à prendre en compte la parole des subalterne­s, au sens gramscien du terme. Ces domination­s peuvent être d’ordres très divers (sociales, économique­s, culturelle­s…), dans des contextes historique­s variables. Au XVIIe siècle par exemple, il faut à la fois considérer les esclaves (en tout cas ceux des Antilles, alors soumis à une définition juridique de l’esclavage), les protestant­s (pas forcément pauvres, mais dominés car il y avait une interdicti­on de pratiquer leur religion), et les mendiants (parce qu’ils n’avaient pas de travail, étaient mis dans les hôpitaux généraux et au bout de trois arrestatio­ns, envoyés aux galères). Il faut aussi garder en tête que l’histoire du populaire est faite “par le bas”, mais toujours en prenant en compte les interactio­ns entre dominants et dominés. Depuis peu, en France, il y a des recherches qui vont dans ce sens. Pour ce qui est de l’invisibili­té ou non des classes populaires et de leur passé dans l’espace urbain, on ne peut pas dire que l’histoire soit occultée, le terme serait trop fort car ce n’est pas forcément volontaire, mais globalemen­t, oui, elle n’est pas prise en compte.»

Recueilli par Michelle Zancarini-Fournel est l’auteure de (Zones, 2016). G.P.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France