Libération

«L’INVISIBILI­SATION RENVOIE À UNE HISTOIRE POPULAIRE QUI S’EST DÉSORMAIS FIGÉE»

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«Tout d’abord, le terme “populaire”, comme celui de “peuple”, sont des termes flous, notamment parce qu’ils renvoient à une réalité floue. On ne peut comprendre le populaire sans les notions de mobilité, de fluidité qui ont caractéris­é Paris, plus que certaines autres villes. La capitale a eu des banlieues ouvrières et, intra-muros, de l’industrie jusque dans les années 60, elle a longtemps eu une présence importante de métiers de toute nature qui vont des petits métiers jusqu’à une industrie spécifique. A tel point que je ne crois pas qu’on puisse étudier exactement de la même manière, en tout cas sur la moyenne durée des XIXe et XXe siècles, les milieux populaires de Paris par rapport à d’autres villes de France et hors de France. L’interactio­n de l’histoire de la ville avec ses milieux populaires a par ailleurs généré l’existence d’un mythe du peuple. Dans l’Hexagone, les milieux populaires et plus encore urbains ont occupé une forme de centralité dans la constructi­on de la culture et de l’imaginaire politiques. Sur une éventuelle “invisibili­té” de l’histoire populaire, le mouvement ouvrier a longtemps eu l’impression d’être chez lui dans ses quartiers et donc, pourquoi voulez-vous dire “je suis chez moi” quand “je” le sais et que les autres le savent aussi ? L’invisibili­sation renvoie à une histoire populaire qui s’est désormais figée.» Danielle Tartakowsk­y a dirigé universita­ires de Rennes, 2011). Recueilli par (Presses D.Do.

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