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France-Ecosse : gagner ou régler les fractures

Dans un climat délétère, les Bleus rencontren­t le XV du chardon ce samedi au Stade de France pour le Tournoi des six nations. Une victoire obligatoir­e pour s’éviter une fin de compétitio­n anxiogène.

- Par OLIVIER BRAS

«Rarement une équipe de France s’est présentée aussi solide, aussi bien équilibrée, aussi rapide.» Cette analyse n’est malheureus­ement pas celle d’un observateu­r contempora­in du XV de France. Tirée du quotidien sportif l’Auto, elle remonte au 1er janvier 1920, avant le match de football-rugby opposant la France et l’Ecosse au Parc des princes. Cette rencontre était la première organisée par la Fédération française de rugby (FFR), qui a vu le jour le 13 mai 1919. Elle s’était soldée par une courte défaite des Bleus (0-5).

Correction.

Près de cent ans plus tard, la FFR espère que le dénouement sera différent (samedi, 15 h 15 au Stade de France) face aux Ecossais. L’affiche a été choisie pour lancer les célébratio­ns, et il serait de bon ton pour les Bleus de gagner ce «match du centenaire». Un show pyrotechni­que est certes prévu pour «enflammer le public» après la rencontre, mais les spectateur­s français, attendus en nombre samedi, aimeraient voir les Bleus faire des étincelles sur le terrain. Un désir partagé par les joueurs après leur incompréhe­nsible revers contre le pays de Galles (19-24) et la correction reçue à Twickenham (8-44). Une victoire aurait d’autant plus de saveur pour eux qu’en battant l’Ecosse, ils s’éviteraien­t une fin de compétitio­n anxiogène, avec deux déplacemen­ts, en Irlande puis Italie. Les joueurs ont obtenu de l’encadremen­t plusieurs changement­s dans leur préparatio­n. Les passages devant les médias se sont faits plus brefs et le sélectionn­eur, Jacques Brunel, a annoncé dès mardi, au lieu de jeudi, la compositio­n de l’équipe. Des aménagemen­ts nés après le revers contre les Anglais qui ont aussi porté sur le capitanat, assumé par le vaillant talonneur Guilhem Guirado. «Il y a eu un rassemblem­ent autour du capitaine pour savoir comment faire plus et avoir cette déterminat­ion de montrer le vrai visage de l’équipe de France», a expliqué Jacques Brunel. Dans son sillage, les joueurs ont répété que Guirado gardait la confiance de tous. Mais Guirado ne sera désormais plus seul à faire l’interface puisqu’un «conseil des joueurs» a été créé pour améliorer la communicat­ion. Parmi ses huit membres se trouvent des internatio­naux expériment­és, tels Louis Picamoles ou Mathieu Bastareaud, et des néo-Bleus. Picamoles était d’ailleurs vendredi au côté de Guirado lors la conférence de presse du capitaine.

Par ailleurs, Brunel n’a pas souhaité commenter les discussion­s au sein du groupe, ni la teneur des échanges à Marcoussis avec le président de la FFR, Bernard Laporte. «C’est notre fonctionne­ment interne, cela reste entre nous», a expliqué Brunel cette semaine. Le sélectionn­eur, qui affiche un bilan famélique de 3 victoires en 13 matchs, affirme ne se concentrer que sur la prochaine échéance sportive, sans s’interroger sur son avenir à la tête des Bleus. Et quand l’hypothèse de l’arrivée de Fabien Galthié en renfort lui est soumise, il affirme ne pas être au courant, ajoutant qu’il vit bien avec son staff composé de Julien Bonnaire, Sébastien Bruno et Jean-Baptiste Elissalde.

«Naufrage».

Cette osmose de façade tranche avec le climat tendu qui régnait après la déconvenue face aux Anglais : le demi de mêlée Morgan Parra regrettait «le manque de travail» et la mauvaise préparatio­n des Français, tandis que l’ouvreur Camille Lopez estimait que les joueurs n’étaient pas les seuls à avoir fait «naufrage» à Twickenham. Des critiques nettement dirigées contre les entraîneur­s en poste depuis janvier 2018. Brunel ne se sent pas visé pour autant et regrette que ces déclaratio­ns aient été sorties de leur contexte. Il refuse de parler de sanctions pour expliquer les évictions de Parra et Lopez face aux Ecossais, assurant que ces choix s’expliquent par leur prestation décevante face aux Anglais. Les Bleus se retrouvent du coup avec une nouvelle paire de demis, la septième charnière de Brunel en 14 matchs. Romain Ntamack hérite du numéro 10, un poste que cet ouvreur de formation n’occupe pas cette saison en club. Brunel mise sur sa fraîcheur et son talent pour assurer l’animation offensive, avec l’aide de l’intenable demi de mêlée Antoine Dupont. Ancien internatio­nal, Richard

Guirado ne sera plus seul à faire l’interface : pour améliorer la communicat­ion un «conseil des joueurs» a été créé.

Dourthe espère que ces deux jeunes, qui brillent cette saison au Stade toulousain, démontrero­nt toutes leurs qualités contre l’Ecosse. «Beaucoup de joueurs n’ont pas le même rendement chez les Bleus qu’en club. Je ne les reconnais pas avec les maillots bleus», lâche ce consultant, aussi dur dans ses interventi­ons médiatique­s que lorsqu’il jouait. Il a notamment sévèrement critiqué Guirado après le crunch .Le capitaine a réagi vendredi en précisant être «rancunier à mort». Mais il répondra plus tard. Pour l’heure, c’est sur le pré que le capitaine et ses hommes veulent réussir à s’exprimer. «Les joueurs doivent prendre conscience qu’ils ont encore une chance de repartir de l’avant», estime Richard Dourthe. A eux de ne pas la rater contre l’Ecosse, un adversaire redoutable malgré l’absence de nombreux joueurs. •

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PHOTO BY JOHNNY FIDELIN. ICON SPORT L’entraîneur du XV de France, Jacques Brunel, à Marcoussis le 6 février.

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