JO : à quoi ressemblerait l’épreuve de breakdance ?
La Fédération française de danse, qui avait porté la proposition d’intégrer le breakdance aux Jeux olympiques, a qualifié cette décision de «moment historique pour toutes les danses» : le Comité d’organisation de Paris 2024 a décidé d’inviter ce sport à son programme, avec le surf, l’escalade et le skateboard. Si la proposition est validée par le Comité international olympique (CIO) en décembre 2020, ce sera une première pour cette discipline issue du hip-hop. Proposé au titre de «sport additionnel», le breakdance s’ajouterait aux 28 sports fixes du programme des JO, mais pour une seule édition.
Née aux Etats-Unis dans les années 70, la danse hip-hop est souvent improvisée. Elle se pratique en individuel ou en équipe, en général à l’occasion de «battles», quand plusieurs «crews» se défient. Discipline du hip-hop, le breakdance se distingue par son côté acrobatique et spectaculaire, alliant passages de danse debout et au sol. «C’est la discipline qui se rapproche le plus du milieu sportif», affirme Nacer Manseur, membre de l’association de hip-hop KLA District et entraîneur de Martin Lejeune, médaillé d’argent de breakdance aux Jeux olympiques de la Jeunesse (JOJ) en 2018. «Elle a un côté “gymnastique” et s’inspire par exemple de la capoeira. Il y a des mouvements très physiques, qui demandent un entraînement acharné.» Le breakdance se caractérise par son aspect urbain à la fois sportif et artistique, et surtout sa liberté. Enfin, c’est un sport très tourné vers la jeunesse, avec près de 80 % de pratiquants français âgés de moins de 18 ans. Selon le comité d’organisation, les JO 2024 devraient comporter deux épreuves : «B-girls» (16 femmes en compétition) et «B-boys» (16 hommes). La compétition devrait reprendre le modèle de battle entre deux athlètes mais les modalités exactes d’évaluation restent à déterminer. Les organisateurs pourraient s’inspirer du format adopté aux JOJ de 2018. Les candidats effectuaient chacun à leur tour une performance face-à-face avant d’être jugés et notés. Le vainqueur de chaque battle accédait au tour suivant, jusqu’à la finale.
Quand vient leur tour, les danseurs ne savent pas forcément ce qu’ils vont faire : «Il y a une grande partie prévue, mais aussi une grande partie qui se fait sur le moment, poursuit Nacer Manseur. Le danseur ne sait jamais quelle musique va être passée par le DJ, et c’est aussi ce que les juges évaluent : comment les danseurs réagissent face à la musique.» Aux JOJ, les juges notaient aussi la complexité et la créativité des mouvements. La question de l’évaluation fait d’ailleurs débat au sein de la communauté. Selon Nacer Manseur, «si on commence à totalement cadrer le breakdance, on coupe la créativité. C’est là qu’on attend les JO au tournant». Les organisateurs vont donc devoir respecter cette liberté qui fait l’essence de la discipline, faute de quoi elle serait dénaturée.
ANNA LIPPERT