Mali : assauts meurtriers contre l’armée
Le bilan humain n’est pas encore définitivement établi. L’armée malienne a indiqué «provisoirement» que 40 soldats ont été tués dans l’attaque de ses positions de Boulkessi et Mondoro dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre, et évoque des dizaines de disparus. Mais le Groupe de soutien de l’islam et aux musulmans (le Jnim, selon son acronyme en arabe), qui a revendiqué l’assaut mardi dans un communiqué, affirme qu’«au moins 85 militaires» sont morts dans les affrontements. Si ce chiffre était confirmé, il constituerait les plus lourdes pertes jamais infligées à l’armée malienne depuis la signature des accords de paix d’Alger, en mai 2015. Un désastre qui vient cruellement rappeler qu’en quatre ans, ni l’Etat malien, ni les 4 000 soldats français de l’opération Barkhane, ni les 15 000 militaires et policiers de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) ne sont parvenus à contenir le déferlement de violence des groupes islamistes armés au Sahel. Au contraire, leurs capacités et leur champ d’action se sont élargis, contaminant notamment le Burkina Faso. Les petites villes de Mondoro et Boulkessi, séparées d’une centaine de kilomètres, sont situées à proximité immédiate de la frontière entre les deux pays. «A Mondoro, l’attaque s’est limitée à un check-point, peut-être pour faire diversion ou pour fixer les troupes maliennes,
explique un humanitaire. A Boulkessi, en revanche, les jihadistes se sont emparés de la caserne et l’ont tenue pendant plusieurs heures.»
Le détachement de Boulkessi, composé en grande partie de soldats du 33e régiment parachutiste, une unité d’élite identifiée à ses bérets rouges, était placé sous mandat de la force conjointe du G5 Sahel. Cette coalition militaire régionale, encouragée par Paris mais qui s’est montrée peu efficace jusqu’à présent, a pour mission de surveiller les zones frontalières. Le camp de Boulkessi, qui était réputé bien protégé, a finalement été repris par l’armée malienne avec l’appui aérien de la force Barkhane «prenant la forme de patrouilles de deux Mirage 2000 en provenance de Niamey et de deux hélicoptères Tigre en provenance de Gao», précise l’état-major des forces armées à Paris. Les appareils français se sont contentés de survoler la zone à basse altitude pour «dissuader» les assaillants de tenir leur position, sans procéder à des bombardements, affirme l’armée française : «La contribution de Barkhane n’a pas comporté d’appui au sol.»