Libération

Déjà au Moyen âge, une prise de conscience écologique

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Extinction Rebellion réclame que les gouverneme­nts s’emparent de la question écologique comme d’une question politique, qui exige des lois et des moyens de contrôle. Or si on regarde vers le passé, une telle prise de conscience politique a déjà eu lieu. Vers la fin du XIIIe siècle, avant la peste de 1347, l’Occident a atteint un maximum démographi­que : presque 70 millions de personnes. La technologi­e s’améliore très lentement, et les disettes, qui avaient presque disparu, refont surface. La hausse de la production ne peut se faire qu’en augmentant les surfaces, et donc en réduisant les forêts. Dans le royaume de France, entre 800 et 1300, la forêt passe de 30 millions à 13 millions d’hectares (16 millions aujourd’hui). Enfin, plusieurs textes répètent que les stocks de poisson diminuent. C’est à cette époque que le droit devient plus précis pour codifier l’accès aux ressources. Les rois protègent la forêt (et en font souvent leur forêt), les seigneurs s’octroient certains espaces auparavant considérés comme communs et même au sein des communauté­s villageois­es certains droits d’accès à l’eau ou aux pâturages vont être mis à l’écrit. Ces réglementa­tions reflètent les jeux de pouvoir de l’époque. Il n’empêche, la question écologique devient politique justement quand les ressources commencent à manquer.

Pauline Guéna Doctorante en histoire médiévale à Sorbonne Université

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