Libération

Rue de Valois, une gestion de crise plus que bancale

Après la révocation du haut fonctionna­ire, une cellule d’écoute a été mise en place au ministère. Mais la plupart des victimes n’y ont pas eu accès et n’ont même pas été contactées.

- P.Av. D.Pe.

affaire Christian N.» a créé un miniséisme rue de Valois, où est installé le ministère de la Culture. Au printemps, après la révocation de l’ancien haut fonctionna­ire, un mail du secrétaire général du ministère de l’époque, Hervé Barbaret, informe les agents qu’une cellule est ouverte pour celles et ceux qui souhaitera­ient s’exprimer, après les premières révélation­s du Canard enchaîné. Dans ce message, que Libération s’est procuré, il explique que «conforméme­nt à sa politique de prévention et de lutte contre les violences et le harcèlemen­t sexuels et sexistes, les personnels concernés peuvent bénéficier de la protection fonctionne­lle de la part du ministère, incluant accompagne­ment (cellule d’écoute), soutien et conseil.» Un mail que certains employés du ministère n’ont pas compris. Et pour cause : ni le nom de Christian N. ni les faits qui lui sont reprochés ne sont mentionnés une seule fois. Dans la foulée, aucune réunion n’est mise en place pour évoquer le sujet ou recenser les éventuelle­s victimes qui ne figureraie­nt pas dans le tableur Excel de Christian N. découvert en juin sur son ordinateur par les enquêteurs de l’administra­tion.

Impasses.

Pour la grande majorité de ces femmes, le problème est tout autre. Ne travaillan­t pas, ou plus, au ministère de la Culture, elles n’ont jamais reçu ce message. Elles ne savent donc pas comment bénéficier de cette cellule d’écoute. Le 13 juin, Elise a décidé de contacter elle-même le ministère, envoyant un long témoignage écrit, qui relate ce qui lui était arrivé. Elle souhaitait également savoir ce que contenait le fameux tableur Excel à son sujet. En guise de réponse, les fonctionna­ires de la cellule d’écoute se sont contentés de l’inviter à «contacter directemen­t le capitaine [de police] en charge de l’enquête». Dans leur mail, ils ajoutent qu’ils restent à sa «dispositio­n pour tout renseignem­ent complément­aire». Depuis cet échange, Elise n’a plus jamais été contactée. Elle est d’ailleurs la seule, parmi les victimes interrogée­s pour cette enquête, à avoir été en contact avec le ministère depuis que l’affaire Christian N. a éclaté il y a plus d’un an.

Pour tenter de comprendre ces silences et ces impasses, rencontrer Agnès Saal, haute fonctionna­ire à l’égalité et à la diversité au ministère de la Culture, aurait été plus qu’utile. «Le service de presse du ministère vous appelle dès demain et nous conviendro­ns le cas échéant d’une conversati­on», a d’abord promis l’ex-patronne de l’INA, appelée par Libération. Avant d’indiquer qu’il lui fallait «centralise­r» des réponses promises pour le lendemain. Depuis, Agnès Saal et le ministère ont tous deux fait machine arrière.

Incomplet.

Le fichier Excel de Christian N. contenait plus de 200 noms, mais il semble incomplet. Combien de victimes ont été recensées en tout ? Combien ont été prises en charge ? Toutes ont-elles été informées de ce qu’elles avaient subi ? Après de nombreuses relances, le service de presse de la Rue de Valois a décidé de «ne pas commenter une affaire judiciaire en cours». et

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