Libération

«Moving in Concert», l’être et le néon

Le spectacle de la Danoise Mette Ingvartsen enchaîne, non sans faiblesses, les tableaux de groupe en clair-obscur.

- Élisabeth Franck-Dumas

Il y a sur la gauche un silo noir suspendu, et au sol huit néons placés en divers biais. Bientôt le silo lâchera des gravillons qu’on entendra tomber au long de la pertoire, formance, et bientôt les neuf danseurs, vêtus de justaucorp­s orange, s’empareront des néons et ne les lâcheront plus, se mouvant plus ou moins habilement, plus ou moins encombrés par leur fardeau de LED. Au départ lent et appliqué puis s’accélérant, Moving in Concert de la chorégraph­e danoise Mette Ingvartsen fait surgir des comparaiso­ns avec la caverne de Platon (l’éclairage partiel sur les murs) ou d’autres visions plus angoissant­es, types spot d’interrogal’asservisse­ment au tube durant toute la pièce (voilà bien un «objet connecté»). Est rendu évident, peut-être trop, le rappel à cet autre gadget éclairant qu’on a toujours sur nous, et à la technologi­e en général. Car si Moving in Concert fait se suivre de beaux tableaux de groupe, surtout lorsqu’il se meut comme un seul organisme, il glisse aussi parfois dans la démonstrat­ion.

Comme dans le beau To Come (Extended) vu l’an passé, le scénario

Les danseurs composent des polygones.

de Moving… est ascensionn­el, la transe gagnant peu à peu la troupe de derviches. Mais le charme opère moins : faire de la sexualité un sujet abstrait ouvrait mille passionnan­tes possibilit­és visuelles ; déréaliser une pratique

qui l’est déjà en partie, c’est risquer le traité.

Moving in Concert de Mette Ingvartsen jusqu’à samedi au centre Pompidou (75004).

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Marc Domage

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