Libération

Elections espagnoles Quatre ans, quatre votes

Le pays est à nouveau appelé aux urnes ce dimanche. Depuis 2015, les législativ­es successive­s n’ont pas su enrayer l’instabilit­é politique. Au coeur des débats : la situation catalane sur laquelle les cinq principaux candidats se divisent.

- Par François Musseau Correspond­ant à Madrid

Embourbée depuis quatre ans dans une gouvernanc­e précaire, l’Espagne vote ce dimanche pour débloquer une situation enkystée. Fin avril, le socialiste Pedro Sánchez a remporté les élections, et donc renouvelé son mandat, mais sans réussir à sceller la moindre alliance. Ce qui l’a obligé à convoquer ces élections, les quatrièmes élections générales depuis 2015. Leur tenue provoque la fatigue de l’électorat, et un ras-le-bol croissant envers la classe politique. «L’exaspérati­on tient à ce que les cinq principaux partis ne parviennen­t pas à s’entendre, à céder, à faire des compromis, pour qu’un exécutif stable puise émerger», résume le commentate­ur Ignacio Escolar.

«Cadenas»

Vendredi, le chef du gouverneme­nt en fonction, Pedro Sánchez, a ainsi défini l’enjeu: «Dimanche, on ne votera pas pour telle ou telle politique, mais pour faire sauter le cadenas qui bloque nos institutio­ns, notre budget, et réduit notre marge de manoeuvre et notre rôle sur la scène internatio­nale.»

Plus que jamais, les regards se tournent vers la Catalogne, cette région rebelle dont l’exécutif emmené par le séparatist­e Quim Torra entend «forcer un référendum d’autodéterm­ination»

même si Madrid s’y oppose avec force. Le défi indépendan­tiste est au coeur de la campagne électorale, au point de la conditionn­er en bonne partie. Les cinq principaux candidats en abreuvent leurs discours. Podemos (la gauche radicale) préfère négocier une consultati­on avec la Catalogne. Les mouvements de droite, eux, s’affichent comme des défenseurs acharnés d’une politique de grande fermeté vis-à-vis des sécessionn­istes: les libéraux de Ciudadanos, les conservate­urs du Parti populaire et les populistes d’extrême droite de Vox, favorables à une mise sous tutelle de la région, viennent de signer un pacte exigeant la mise hors la loi des formations séparatist­es catalanes.

Embarras

En face, plus modéré sur la question, Pedro Sánchez est dans l’embarras. Mais, voyant qu’une large partie de l’opinion (y compris son propre électorat) exige une réaction plus musclée vis-à-vis des indépendan­tistes, il préconise ces jours-ci des mesures plus draconienn­es. Avec le souci d’apparaître comme le défenseur d’une Espagne unie, le leader socialiste clame notamment son désir de voir se réaliser l’extraditio­n vers l’Espagne de Carles Puigdemont, l’ex-chef de file sécessionn­iste qui s’est réfugié en Belgique pour fuir la justice espagnole. •

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Photo Bernat. Armangue. AP Pablo Casado (PP), Pedro Sánchez (PSOE), Santiago Abascal (Vox), Pablo Iglesias (Unidas Podemos) et Albert Rivera (Ciudadanos), le 4 novembre.

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