«Les Grands», terminale en beauté
Un format court de vingt minutes et un budget restreint n’empêchent pas la troisième et ultime saison de la série d’être toujours aussi attachante. Il y souffle un vent de liberté jouissif où les personnages, filmés avec justesse, ont grandi au fil des ép
sur OCS. L’avenir se joue maintenant.
Arte et cinq fois moins que celui chez Canal +, occasionnant des journées de tournage d’une intensité incroyable: «On peut enchaîner jusqu’à douze scènes dans une journée, et ce pendant cinq semaines», explique Vianney Lebasque, réalisateur de tous les épisodes des trois saisons. Précisons tout de suite : cela ne se sent pas du tout, la série est bourrée de petites trouvailles visuelles. Lebasque souligne la liberté artistique exceptionnelle consentie par OCS en échange de la contrainte financière, et la nécessité de réfléchir très en amont aux conditions techniques : «Avec Martin de Chabaneix [chef opérateur], Aurélien Fauchet [premier assistant], et nos producteurs d’Empreinte digitale, nous avons beaucoup réfléchi à la manière dont on pouvait ne pas faire de concessions artistiques malgré un temps de tournage très court. A ce rythme, on ne peut pas tout avoir. Notre solution a été de faire des choix très clairs sur nos priorités : les acteurs, et certaines exigences esthétiques. On a donc supprimé toute forme de machinerie (grue, travellings, dolly, etc.) et utilisé très peu de lumière artificielle. Nous voulions être les plus légers possible pour être réactifs, trouver le bon angle, enchaîner les prises, varier les cadres et ne jamais être frustrés d’une scène… Une scène simple à deux personnages, nous n’avons que trente minutes à y consacrer, contre deux heures sur un autre type de production.»
Spleen.
On n’a pourtant jamais de sensation d’urgence en regardant la série, au contraire même : ce qui frappe, c’est le contraste entre la brièveté du format (vingt minutes à peine), qui dicte d’habitude des récits compressés, menés tambour battant, et la radicalité contemplative de certains passages des Grands. De nombreuses bulles de spleen, soutenues par une musique electro aussi douce avec son sujet qu’avait pu l’être en son temps celle de Air avec les sylphides de Virgin Suicides, illustrent les états d’âme des personnages. Des moments «gratuits», comme pour suspendre un peu cet âge qui se consume si vite pour ses protagonistes, sans qu’ils en aient conscience : c’est peut-être la seule marque d’un regard adulte sur ce temps adolescent combustible et éphémère comme des fusées de détresse brandies sur la plage un soir de fête. Les Grands sait contempler ces moments de grâce. C’est peut-être cliché pour un e série ado, mais c’est loin d’être donné à toutes.