Bénévole de ses propres ailes
Sans eux, il n’y aurait sans doute pas de festivals. Mais quelles sont les motivations de ces petites mains? Derrière l’attrait pour la musique et les concerts gratuits, bien souvent, c’est l’engagement sur son territoire qui porte le bénévolat.
Au festival de Dour, en Belgique, en 2016.
«Le bénévolat, c’est un joli paradoxe. Incroyablement collectif et profondément individuel.» Régis Brault en sait quelque chose: depuis quinze ans, il est bénévole au Foin de la rue, festival niché dans un petit village entre les villes de Mayenne et Fougères, à l’entrée de la Bretagne. Le Foin a fêté ses 20 ans début juillet, avec quelque 13 000 participants, accueillis par un millier de volontaires, dont Régis, chauffeur à ses débuts, entré au conseil d’administration de l’association en 2009 et aujourd’hui responsable du mécénat, des partenariats et de l’accessibilité. Mais toujours bénévole. Dans la majorité des festivals français, ce sont eux, fiers de leurs tee-shirts à l’effigie de l’événement, qui s’affairent en coulisses, s’occupant des bars, des entrées, du catering (la cantine des artistes et techniciens), voire du son et de la lumière. En échange, ils profitent d’un pass pour assister aux concerts gratuitement quand leurs tâches sont terminées.
Mais la relation entre un festival et ses «béné» va un peu plus loin que ça. «Les motivations à s’engager dans le bénévolat sont extrêmement diversifiées, du côté du bénévole comme du festival», précise Emmanuel Négrier, directeur de recherche au CNRS, travaillant actuellement avec une dizaine de chercheurs sur Sofest, une enquête s’intéressant à l’impact social et territorial des festivals. «Pour de nombreux événements, les bénévoles sont l’âme du festival, à l’origine d’un “joyeux bordel” vital, sans quoi les professionnels s’ennuieraient entre eux à organiser un événement d’entrepreneurs», poursuit-il. Justine Gruson, 24 ans travaille, elle, pour une conciergerie parisienne. Elle a vécu sa première «expérience» (le terme revient systématiquement) de bénévole il y a cinq ans : «J’allais au Cabaret vert, à Charleville-Mézières en tant que festivalière. Mais après avoir testé l’expérience bénévole, je n’ai plus eu envie d’y retourner autrement. C’est un petit monde à part où tout le monde crée des liens très vite, très fort, car on passe beaucoup de temps ensemble. Certains ont rencontré leur conjoint comme ça, on a même deux “bébés bénévoles” au Cabaret vert ! En dehors du festival, je fais de nombreuses soirées avec mes responsables d’équipe, ils sont devenus de vrais potes.»
«Une petite aventure humaine»
Même son de cloche de l’autre côté du pays, avec François Floret, le directeur du festival malouin la Route du rock : «Je n’ai pas envie de construire une machine de guerre, où on organise, on récupère l’argent et on repart. Sans verser dans les violons, un festival c’est aussi une petite aventure humaine.» Parmi les 650 bénévoles – pour 150 salariés et intermittents – officiant chaque année au fort de Saint-Père, où se déroule le festival, certains s’occupent de recharger les bracelets cashless (des puces permettant d’acheter à boire et à manger), d’autres de tenir les bars et même de compter les recettes, sans que la Route du rock n’ait connu de