Road To Nowhere
Peut-on parler d’une génération Concrete ? Du nom de cette fameuse barge, ancrée sur les bords de la Seine, moteur étourdissant des nuits (et même des jours) électroniques parisiens entre 2011 et 2019. La source d’une nouvelle effervescence où la capitale n’avait plus rien à envier aux périples déjantés berlinois. Un lieu aussi où des vocations techno sont nées.
Formé en 2014, le duo Kas:st n’a pas échappé à l’aura du club puisque l’une de leurs premières oeuvres est parue chez Concrete Music, le label de… Mais s’ils ont adoré danser quai de la Rapée, Manuel Sene (ancien footballeur professionnel) et Karol Herse, tout juste la trentaine, se sont rencontrés bien avant, lors des années MySpace (euh, quoi ?).
Des débuts sous obédience house, mais très vite ils sont happés par la vitalité de la nouvelle techno. Ces deux fans de hip-hop français old school (113, Karlito) ont préparé le terrain en balançant depuis 2016 des maxis efficaces, mais pas forcément très personnels.
Leur premier album, Road to Nowhere, passe carrément, lui, au niveau supérieur. Surtout, il semble arriver à point nommé pour mettre en lumière un tandem réellement captivant. On est certes en présence d’une force de tabassage remarquable, mais l’étendue de leur palette sonore s’avère bien plus impressionnante qu’une simple machine à boum-boum. On a déjà évoqué dans ces pages l’ardente trance de Hell on Earth, mais on peut aussi signaler le piano vibrant du bouillant Lost Souls ou la conclusion aspirante Astral Talk, qui tournoie entre ambient, drum’ et techno. De quoi satisfaire plusieurs générations. (Flyance Records)