Libération

«L’Art du mensonge», le senior des arnaques

Avec son intrigue trop prévisible, le film de Bill Condon vaut surtout pour le duo d’acteurs formé par Helen Mirren et Ian McKellen.

- Léo Soesanto

Pourquoi regarder un film d’arnaqueur à l’heure où le spectateur est rompu aux rebondisse­ments en tout genre, et que ces jeux de faux-semblants fonctionne­nt sur un plus long terme – donc en série ? Avec son escroc vétéran cherchant à pigeonner une riche veuve sur un site de rencontres, l’Art du mensonge a le mérite d’essayer de renouveler la démographi­e hollywoodi­enne, en voulant faire du neuf avec, littéralem­ent, des vieux : Ian McKellen (Magnéto, Gandalf…) qui ressort sa panoplie de senior au passé violent d’Un élève doué de Bryan Singer (1998) et Helen Mirren. L’estimé couple de panthères grises est la principale raison de regarder ce petit jeu mythomane : l’arnaqueur va-t-il succomber à sa victime ? Est-elle si vulnérable ?

Mais au-delà de leur évident plaisir à aligner poses machiavéli­ques, sous-entendus méta («n’est-ce pas toujours pareil ? L’espoir, puis la déception») ou, pour un McKellen octogénair­e, à trucider encore des gens à l’écran, l’Art du mensonge ôte les poupées gigognes de l’intrigue, et ce sans éclat, ou à coups de flash-back lourdingue­s. Les réussites du genre existent lorsque le coût émotionnel de l’arnaque est plus fort que ses rebondisse­ments téléphonés (Vertigo d’Alfred Hitchcock, Obsession de Brian De Palma) ou que la mécanique de l’escroqueri­e se perd dans un labyrinthe d’abstractio­ns (la Prisonnièr­e espagnole de David Mamet). L’Art du mensonge reste coincé dans un petit artisanat à la musique sympathiqu­e, mais aux rouages bien trop voyants.

L’Art du mensonge de Bill Condon avec Helen Mirren, Ian McKellen… 1 h 50.

 ?? Warner Bros ?? Ian McKellen et Helen Mirren, le chat et la souris.
Warner Bros Ian McKellen et Helen Mirren, le chat et la souris.

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