A Rennes, l’interdiction du chauffage en terrasse divise les restaurateurs
Première métropole à éradiquer les chauffages en terrasse à compter du 1er janvier, pour «répondre aux enjeux de la transition énergétique», la ville de Rennes ne s’est pas fait que des amis. Et si les usagers font plutôt contre mauvaise fortune bon coeur, certains patrons de bistrots et de restaurants, qui redoutent une baisse substantielle de leur chiffre d’affaires, affichent une colère froide. Philippe Lobet, qui exploite depuis cinq ans et demi le Café des bains, un restaurant à la déco moderne niché dans la rue Saint-Georges, a fait ses comptes. «En supprimant le chauffage en terrasse, j’ai estimé le manque à gagner entre 15 000 et 18 000 euros», fulmine-t-il, précisant que l’exploitation de sa terrasse chauffée se limitait aux samedis soirs, lorsque la salle intérieure est pleine. Pour ce restaurateur, qui vit sans smartphone et est convaincu de la «nécessité de diminuer les émissions de gaz à effet de serre», l’argument écologique n’est qu’un alibi : «C’est un coup politique pour donner des gages aux écologistes, estime-t-il. Si la ville avait mis en place une liste de 40 ou 50 mesures, je comprendrais. Mais quand je vois qu’on attend toujours dans la rue des poubelles pour les déchets recyclables, que des Abribus sont éclairés toute la nuit pour afficher des publicités, ou l’utilisation que l’on fait de l’éclairage public, c’est n’importe quoi !»
Pour l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie d’Ille-et-Vilaine, favorable aux mesures de la municipalité, les récriminations seraient marginales. «Nous nous sommes engagés dans des démarches de développement durable, commente son président, François De Pena. elles ont changé avec l’interdiction de fumer dans les lieux publics. C’était une décision inéluctable que beaucoup ont anticipée.»
C’est le cas de Sophie, 52 ans, patronne du Royal, dans le Vieux Rennes, qui a remplacé ses installations électriques en extérieur par des plaids posés sur les sièges de sa terrasse. «Comment faisait-on autrefois ? lance-t-elle. Il faut savoir ce qu’on veut, sauver la planète ou du chauffage dehors. J’ai mis des plaids et la vie est belle !» Moins optimistes, d’autres attendent de faire leurs comptes au printemps prochain.