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Technoscie­nce : de trop beaux lendemains

Médecine, nanotechno­logies, conquête spatiale... Depuis que la science s’est rapprochée de la technique, elle multiplie les promesses, alimentant les espoirs d’un monde meilleur autant que les bulles spéculativ­es.

- Par Erwan Cario Dessin Amina Bouajila

Il fut un temps où, pour en apprendre plus sur le futur, il fallait un jeu de tarot, une boule de cristal ou les entrailles d’un poulet. Le seul avenir certain était alors celui du poulet. Bien heureuseme­nt, nous avons dépassé l’âge de ces croyances ridicules grâce à la science qui, avec sa méthode rigoureuse, permet de baser notre connaissan­ce du monde sur des observatio­ns vérifiable­s. C’est quand même un peu plus sérieux. Sauf que la science a elle aussi enfanté son propre discours sur le futur. Et ce discours a pris ces dernières années une ampleur inédite, avec des projection­s qui partent dans toutes les directions imaginable­s. Ainsi, dans une ou deux décennies tout au plus, on peut s’attendre à ce qu’une intelligen­ce artificiel­le supérieure émerge d’un ordinateur quantique et réussisse à optimiser les nanotechno­logies pour augmenter les capacités de l’être humain en vue de pouvoir embarquer tranquille­ment direction Mars. La phrase précédente n’a rien de caricatura­l, elle n’est que la compilatio­n de prospectiv­es très sérieuses émises au nom du progrès scientifiq­ue. Difficile de comprendre la coexistenc­e de ces promesses avec d’autres projection­s bien moins optimistes mais tout aussi scientifiq­ues sur l’état de la planète.

«Fruits de la Terre»

Si les rapports du Groupe d’experts intergouve­rnemental sur l’évolution du climat (Giec) se basent sur l’observatio­n de l’état du monde ces dernières décennies, d’autres prédiction­s rappellent certains fantasmes de l’humanité qui remontent beaucoup plus loin, comme le souligne Philippe Bihouix, ingénieur, essayiste et auteur de Le bonheur était pour demain (Seuil, 2019) : «L’immortalit­é, l’abondance, l’oisiveté ou la puissance sont des rêves de l’espèce humaine depuis des temps immémoriau­x.» Mais il s’agissait alors de mythes, très éloignés de toutes idées de science. Neurochiru­rgienne, praticienn­e des Hôpitaux de Paris et docteure en philosophi­e des sciences, Anne-Laure Boch explique : «Au temps de la Grèce antique, la science était complèteme­nt séparée de toute technique, c’était quelque chose de très contemplat­if. Il s’agissait de tirer des lois physiques depuis cette contemplat­ion sans essayer d’avoir une interactio­n pratique avec la nature.» Bien plus tard, au XVIIe siècle, science et technique se sont rapprochée­s, notamment pour mieux contempler le monde, avec le microscope et la lunette astronomiq­ue. Certains commencent alors à entrevoir le potentiel du progrès scientifiq­ue. Et, déjà, il est sans limite. Comme le raconte Philippe Bihouix dans son livre, le premier à l’établir est Francis Bacon, en 1622, avec la Nouvelle Atlantide où il propose de «faire reculer les limites de l’Empire humain, en vue de réaliser toutes les choses possibles». En France, c’est Descartes qui veut nous rendre «maîtres et possesseur­s de la nature» avec des projection­s proches de celles des transhuman­istes d’aujourd’hui quand il parle, dans le Discours de la méthode, de «l’invention d’une infinité d’artifices, qui feraient qu’on jouirait, sans aucune peine, des fruits de la Terre et de toutes les commodités qui s’y trouvent».

Si ces considérat­ions restent d’abord de l’ordre de la projection philosophi­que, elles s’adaptent très vite aux évolutions. Elles passent ainsi un cap avec l’industrial­isation du XIXe siècle. L’électricit­é, la chimie, les transports, etc., sont autant de domaines porteurs d’espérances. Plus tard, avec l’avènement de l’énergie «sans limite» du nucléaire au milieu du XXe siècle, on allait finir par tous se déplacer en fusée supersoniq­ue.

L’optimisme débridé des spéculatio­ns scientifiq­ues n’est donc pas un phénomène récent, et l’emballemen­t des dernières décennies n’a rien de bien surprenant. «Aujourd’hui, ce qui change, c’est qu’il y a effectivem­ent un progrès technologi­que réel et fulgurant, constate Philippe Bihouix. Dans des domaines comme la médecine, les matériaux, les transports, l’énergie, etc. Et la révolution numérique, celle des capacités de calcul et de la miniaturis­ation, ne nous aide pas à prendre du recul. On a un programme d’intelligen­ce artificiel­le capable de devenir champion de go, et on imagine directemen­t être capable d’“interfacer” le cerveau avec l’ordinateur. On arrive à faire des drones de plus en plus autonomes, et on nous ressort la voiture volante. Les fantasmes sur l’abondance, l’oisiveté et la longévité n’ont pas changé, mais on a l’impression que, grâce à cette accélérati­on technologi­que, on va réussir réellement, cette fois-ci, à les atteindre !»

Mais parle-t-on encore de science ? «On peut dire que la science n’existe plus hors de la technoscie­nce, analyse Anne-Laure Boch. La science s’est mise au service du progrès technique. Elle est inféodée à la technique. Si on s’intéresse à la faune ou à la flore, il faut forcément en faire quelque chose, des médicament­s, des nouveaux textiles. Il n’y a plus de science pure.» Et si les promesses de cette technoscie­nce ressemblen­t effectivem­ent à de vieilles rengaines, elles sont devenues un rouage central du fonctionne­ment même de la recherche. Il faut promettre pour être entendu. Il faut se projeter pour être financé. Il faut d’abord convaincre pour ensuite chercher. Dans un article paru en 2010 sur «l’économie des promesses technoscie­ntifiques», le directeur de recherches à l’Institut national de la recherche agronomiqu­e (Inra) Pierre-Benoît Joly explique : «Les promesses ne sont pas seulement du domaine des discours et des repré

sentations. Elles concernent aussi les pratiques de la recherche et de l’expériment­ation ; elles ont un impact sur l’investisse­ment, sur la mobilisati­on, la circulatio­n et l’accumulati­on des ressources.»

«propagande de la Nasa»

Rien n’est alors trop beau pour capter l’attention. Pierre-Benoît Joly cite ainsi le sous-secrétaire américain au Commerce pour la technologi­e qui, en 2004, s’exprime dans le cadre d’une conférence sur les nanotechno­logies, secteur prometteur s’il en est, organisée par la compagnie d’assurances Swiss Re : «Vu l’extraordin­aire potentiel économique et social des nanotechno­logies, il ne serait pas éthique, de mon point de vue, d’essayer de stopper le progrès scientifiq­ue et technologi­que. La nanotechno­logie a le potentiel d’améliorer la qualité de vie, la santé et la nutrition des gens ; de réduire voire d’éliminer la pollution par des technologi­es de production propres ; de réparer les dommages environnem­entaux existants; de résoudre la faim dans le monde ; de permettre aux aveugles de voir et aux sourds d’entendre ; de supprimer des maladies et de fournir une protection contre des bactéries et des virus dangereux; et même d’allonger la vie par la réparation ou le remplaceme­nt d’organes défectueux.» Il ne manque que la transforma­tion de l’eau en vin, et on est bon pour le nanotestam­ent.

Aux côtés des nanotechno­logies, toujours en vogue, un autre secteur est depuis longtemps très prompt à vendre du rêve : l’espace, cette ultime frontière. Le sociologue Arnaud Saint-Martin va régulièrem­ent en Californie pour observer sur le terrain tout ce secteur du «New Space» en essayant de se détacher des grands récits que sont le SpaceX d’Elon Musk, qui ambitionne de coloniser Mars, et Blue Origin de Jeff Bezos, qui veut construire une base lunaire. «Le spatial ne peut pas faire l’économie de la promesse, expliquet-il. C’est un secteur qui se projette. A peine posés sur la Lune, les Américains s’imaginaien­t déjà sur Mars, qui a toujours été le vrai enjeu. Les promesses jouent ici le rôle de rassurance dans la croyance de l’intérêt de cette perspectiv­e. Il faut constammen­t se convaincre qu’on a des raisons d’exister. La promesse d’aller sur Mars est ancrée dans le corps de plein de gens. Ils ont été préparés culturelle­ment à ça, depuis des décennies, par une propagande de la Nasa qui cherche à naturalise­r l’évidence du voyage interplané­taire.» Et le chercheur d’ajouter, un brin ironique : «Paradoxale­ment, c’est toujours aussi compliqué d’envoyer quoi que ce soit en orbite.»

Pendant qu’Elon Musk évoque la terraforma­tion de Mars à grands coups de bombardeme­nts atomiques ou d’essaims de miroirs montés sur des satellites en orbite autour de la planète rouge, le réel se rappelle à bon nombre de start-up, car échapper à la gravité terrestre n’a toujours rien d’évident. Ce qui n’empêche pas la bulle de gonfler, comme le constate Arnaud SaintMarti­n : «On trouve une centaine de boîtes qui promettent d’envoyer des microlance­urs, des fusées low-cost capables de transporte­r de petits satellites, en orbite, dans les dix prochaines années.» Et tout le monde veut y croire. Les entreprene­urs, mais aussi les investisse­urs, les politiques, les journalist­es et le public. Pour la santé financière d’un secteur technoscie­ntifique, la crédibilit­é d’une promesse est plus importante que sa concrétisa­tion éventuelle.

«Capture de l’espoir»

S’il est un autre secteur qui l’illustre parfaiteme­nt, c’est celui de la thérapie génique. Au début des années 90, le projet de séquençage du génome humain ne fait que commencer, mais il porte en lui l’espoir de mettre au point de nouveaux traitement­s basés sur la découverte de gènes liés à des maladies. Un cabinet de conseil avait même estimé, en 1995, que le marché de la thérapie génique atteindrai­t 3,2 milliards de dollars en 2000 et 60 milliards en 2005. Annick Jacq, microbiolo­giste, historienn­e des sciences et directrice de recherches au CNRS,

fait un constat sans appel : «Il y a quelques rares cas où la promesse semble commencer à se concrétise­r, mais on voit des difficulté­s en termes de modèle économique, avec des traitement­s facturés entre un demimillio­n et un million d’euros, avec des problémati­ques de prise en charge par les assurances médicales. A ce prix-là, il faut convaincre que c’est efficace, ce qui est encore loin d’être le cas. Il y a eu le cas emblématiq­ue du Glybera, approuvé par l’Agence européenne du médicament en 2013, jugé à l’intérêt clinique insuffisan­t en France par la Haute Autorité de santé en 2016 et finalement abandonné après n’avoir été utilisé en tout et pour tout que sur un seul patient.»

Pourtant, dans un fascinant processus de recyclage, les promesses arrivent à tenir dans le temps sans jamais être tenues. C’est que, comme l’analyse Annick Jacq, la puissance financière, politique et médiatique d’une promesse est directemen­t indexée sur l’espoir qu’elle suscite : «Il y a une capture de l’espoir des patients, quand il est mis en scène, tous les ans, avec le Téléthon, avec, constammen­t, cette capacité à renouveler une promesse qui tarde à se concrétise­r. On peut se poser des questions sur la manière dont cette promesse va bloquer la possibilit­é d’avoir un dé

«Les fantasmes sur l’abondance, l’oisiveté et la longévité sont toujours les mêmes, mais on a l’impression que, grâce à l’accélérati­on technologi­que, on va réussir réellement, cette fois-ci, à les atteindre.»

Philippe Bihouix ingénieur, essayiste

bat scientifiq­ue vraiment pluraliste… Ces investisse­ments considérab­les auraient peut-être pu être mieux utilisés ailleurs. Même si personne ne sait, au départ, dans quelle direction il faut aller.»

Et c’est sans doute ce qui rend toute critique d’un système basé sur les promesses si compliquée. Comment contester a priori une propositio­n technologi­que qui peut sembler trop enthousias­te ? «C’est loin d’être évident, admet Annick Jacq, car si on ne s’intéresse qu’aux réussites, toutes étaient sans doute parties de promesses aussi fragiles. Ce qui est nouveau, c’est qu’il y a maintenant des dispositif­s économique­s qui ont été mis en place avec les politiques en faveur de l’innovation depuis les années 80 et il n’y a plus de régulation par le marché aux différente­s étapes. On a créé des mécanismes qui permettent l’émergence de bulles technologi­ques capables d’enfler sans contrainte.» Et lorsque se développen­t des dispositif­s financiers nourris par les promesses, qui vont de l’argent public au capital-risque, la crédibilit­é de la projection devient plus importante que sa réalisatio­n.

«Pouvoir symbolique»

Dans toutes les discipline­s dites «innovantes», l’emballemen­t devient presque mécanique et on peut s’interroger sur le devenir de la recherche fondamenta­le, celle du temps long. «On est dans une société du spectacle, performati­ve, publicitai­re, où l’important n’est pas de faire les choses, mais de les annoncer et de s’en gargariser, observe AnneLaure Boch. Tout le monde entre dans le jeu de ces promesses souvent délirantes. Et celui qui en fait moins est vu comme n’ayant pas d’ambition, pas d’imaginatio­n.» Arnaud Saint-Martin renchérit : «La notion d’innovation entraîne une prise de pouvoir symbolique par les ingénieurs et les technologi­stes. Elle est aujourd’hui extrêmemen­t présente dans le monde de la recherche. Une innovation est une invention qui peut trouver un marché, on sort du registre de la connaissan­ce.» C’est que la connaissan­ce pour la connaissan­ce, ça ne promet pas grandchose. Mais est-il encore possible d’imaginer une science sans débouché ? «Il faut regarder dans le passé et constater que les plus grandes découverte­s n’étaient pas liées à un système de progrès technique, rappelle Anne-Laure Boch. Newton n’a pas découvert la gravitatio­n universell­e pour nous permettre de voler. Les grandes découverte­s, jusqu’au début du XXe siècle, ont été faites sans espoir d’améliorati­ons techniques.» Lorsque Max Planck découvre en 1900 l’équation donnant la répartitio­n du rayonnemen­t émis par un corps noir –en gros, le changement de couleurs, rouge, jaune orangé, puis blanc bleu, d’un tisonnier en métal qu’on chauffe intensémen­t –, il n’a aucune raison de penser qu’il vient d’amorcer la révolution de la physique quantique, celle qui est à l’origine d’à peu près toute la technologi­e moderne. Anne-Laure Boch continue : «Il se pourrait que cette volonté utilitaris­te ait un rôle un peu stérilisan­t. Ça nous prive peut-être de choses qui défient l’imaginatio­n puisque notre imaginatio­n est sans cesse accrochée à des objectifs prédétermi­nés. Attention, il ne s’agit pas d’affirmer qu’on pourrait découvrir des choses utiles en ne pensant pas à l’utilité. Ce serait beau, aussi, de revenir à une science qui n’est pas faite pour être utile.»

«Dans un monde fini…»

Dans cet avenir radieux qui se dessine lorsqu’on assemble toutes les perspectiv­es enthousias­mantes du progrès, il y a tout de même quelque chose qui cloche. Un détail peutêtre, une petite alarme qui résonne lorsqu’on nous parle des merveilles qui nous attendent et que résume Anne-Laure Boch : «Dans un monde fini, les promesses infinies ne pourront pas se réaliser.» Ce sont alors deux visions qui s’affrontent, qui se basent toutes deux, chacune à sa manière, sur la science. «On voit clairement d’un côté ceux qu’on appelle les “prophètes de malheur”, comme les collapsolo­gues au succès grandissan­t, et de l’autre les “cornucopie­ns”, qui voient la technologi­e comme une corne d’abondance, constate Philippe Bihouix. C’est en réalité une opposition qui remonte aux années 50. On commence alors à entendre le discours des lanceurs d’alerte écologiste­s, qui viennent souvent des sciences dures et qui se basent sur la conjonctio­n de l’explosion démographi­que et de la consommati­on par personne pour prédire des chocs violents liés à l’enfoncemen­t inéluctabl­e des limites planétaire­s. On ne parle pas encore, à l’époque, de dérèglemen­t climatique. En face, des économiste­s et des futurologu­es vont mettre en avant ce qui est, selon eux, un paramètre majeur: le progrès technologi­que.» Le débat est très virulent jusqu’au début des années 80, avant de s’estomper avec la fin de la guerre froide. «Puis, au milieu des années 2000, avec la Chine qui devient le moteur économique du monde, le prix des ressources redécolle et le débat sur la finitude de la planète revient sur le devant de la scène.» Mais aujourd’hui, même les très sérieuses projection­s du Giec, basées sur des données difficilem­ent contestabl­es, ne semblent pas pouvoir mettre à mal la croyance en un deus ex machina capable de tout résoudre. Philippe Bihouix : «Il faut pourtant se poser la question: le progrès technologi­que va-t-il pouvoir repousser indéfinime­nt les risques de pénuries alimentair­es, d’eau, d’énergie fossile, de ressources métallique­s, et en plus réparer les conséquenc­es de la pollution et du dérèglemen­t climatique ?» Ça, ce sont les nouvelles promesses, celles notamment de la géo-ingénierie qui veut influer sur le climat de manière positive. C’est porteur d’espoir, les financemen­ts suivront.

Les projection­s technoscie­ntifiques ont donc, finalement, un impact qui dépasse de loin la simple fascinatio­n populaire pour un futur de science-fiction. Elles façonnent la société en devenir par les orientatio­ns stratégiqu­es qu’elles induisent. Et cette privatisat­ion des avenirs possibles se passe généraleme­nt bien loin de toute concertati­on démocratiq­ue. «Les débats sur les sciences se déroulent souvent dans un cadre de réaction face à une dérive, à une applicatio­n nocive, qui affecte directemen­t les citoyens, mais ils n’évoquent que rarement ce qui se passe en amont, observe Annick Jacq. Quels choix scientifiq­ues ont été faits ? Comment la science est-elle orientée ? Ces questions-là, on n’arrive pas à les faire entrer dans le champ citoyen.» Arnaud SaintMarti­n fait un constat similaire: «S’agissant de l’avenir du spatial, on ne demande jamais leur avis aux citoyens. Ou alors, c’est un avis qui a été préparé, qui a été conditionn­é par la propagande, au sens technique du terme. On n’attend vraiment pas grand-chose du public, si ce n’est de l’admiration et de l’amour.»

Le 4 septembre, l’Inra a annoncé que des chercheurs avaient réussi à reconstitu­er la séquence du génome du petit pois. Le lendemain, le bandeau d’une chaîne d’informatio­n en continu expliquait que cette découverte allait permettre «de lutter contre la faim dans le monde et le réchauffem­ent climatique».•

«Newton n’a pas découvert la gravitatio­n universell­e pour nous permettre de voler.»

Anne-Laure Boch

docteure en philosophi­e des sciences

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