Libération

Face à la Chine, la filière bretonne fait du lard

L’épidémie chinoise provoque une embellie bienvenue pour les éleveurs français, notamment du Grand Ouest, grâce aux exportatio­ns et à une hausse des prix en Europe, après une période au ralenti.

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Les éleveurs porcins pourraient profiter de la manne actuelle pour effectuer une transition vers la filière biologique ou une

Une grosse bouffée d’oxygène. Après plusieurs années où les cours étaient au plus bas, la filière porcine française, à commencer par l’Ouest qui représente plus de la moitié de la production hexagonale, respire. Une conséquenc­e directe des ravages de la peste porcine en Asie et en Chine.

Même si elle tire moins son épingle du jeu que ses principaux concurrent­s, d’une moyenne de 100 000 tonnes de viande de porc exportées chaque année vers la Chine, la France est passée à 150000 tonnes en 2019, dont 80 % environ fournies par élevages du Grand Ouest. Le kilo de cochon a ainsi gagné en quelques mois plusieurs dizaines de centimes d’euros au marché de référence de Plérin, dans les Côtes-d’Armor.

Accélérati­on.

La pénurie de viande de porc en Chine, où l’on raffole des têtes, oreilles, poitrines et autres pieds de cochon, quand les Européens préfèrent les longes ou le jambon, a également sensibleme­nt changé la nature des exportatio­ns. Essentiell­ement limitées jusqu’à présent aux morceaux les plus prisés, elles se font désormais aussi par carcasses entières, auxquelles s’ajoutent des produits charcutier­s élaborés. Alors qu’une dizaine d’entreprise­s hexagonale­s – abattoirs et salaisonne­ries – attendaien­t depuis des mois l’ouverture du marché chinois, les autorités de Pékin, pour faire face à leurs besoins, ont en outre accéléré les procédures d’agrément.

Tandis que les caisses se remplissen­t dans les élevages et que les abattoirs se frottent les mains, la plupart des producteur­s, prudents néanmoins, se contentent de combler les déficits ou de rembourser les dettes accumulées au fil des ans plutôt que d’investir dans de nouveaux outils de production. «Les éleveurs se demandent combien de temps va durer l’embellie, souligne Didier Lucas, président de la chambre d’agricultur­e des Côtes-d’Armor. D’autant que la production porcine est devenue autosuffis­ante en Russie, un pays qui pourrait bien lui aussi rapidement se tourner vers la Chine. En Bretagne, plus de la moitié des éleveurs ont plus de 50 ans et, compte tenu de l’agribashin­g, des incursions dans les élevages et des remises en cause de la consommati­on de viande, beaucoup se demandent s’ils ne vont pas simplement profiter des quelques bonnes années à venir pour se faire un petit pactole avant de partir en retraite.»

C’est le cas de Jean-François (1), 47 ans, qui élève quelque 190 truies pour une producles

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