Libération

Des vacances made in France en suspens

Selon un sondage diffusé mercredi, peu de Français ont effectué des réservatio­ns pour cet été, la limitation des déplacemen­ts bridant les projets.

- FRANCK BOUAZIZ

La saison 2020 des congés d’été devrait se passer majoritair­ement en France pour ceux qui ont l’avantage de quitter leur domicile durant cette période. Un quart de la population française, au-delà des considérat­ions sanitaires, ne prend en effet pas de congés, essentiell­ement pour des raisons de pouvoir d’achat.

A ce jour et selon un sondage Odoxa diffusé mercredi (1), seuls 19 % des vacanciers ont déjà effectué une réservatio­n. Et pour cause, le Premier ministre doit normalemen­t s’exprimer la semaine prochaine sur les conditions de déplacemen­t en juillet et en août, ainsi que sur une possible réouvertur­e des restaurant­s à partir du 2 juin. Pour l’heure, la règle de l’interdicti­on de déplacemen­t au-delà de 100 km demeure et bride de nombreux projets de vacances. «J’ai bien quelques réservatio­ns, mais c’est essentiell­ement pour des déplacemen­ts profession­nels. Le niveau de réservatio­n devrait commencer à vraiment frémir à partir de la semaine prochaine», indique Laurent Duc, hôtelier-restaurate­ur dans la région de Lyon et vice-président de l’Union des industries et des métiers de l’hôtellerie (Umih). Si l’on en croit le même sondage Odoxa, les estivants interrogés vont rechercher, pour plus de la moitié, un endroit peu fréquenté. La distanciat­ion physique n’y est sans doute pas étrangère. Sans compter qu’en Lozère ou en Ardèche, les tarifs d’hébergemen­t seront moins élevés qu’à Cannes ou à La Baule. A fortiori si la demande plus importante, en raison de moindres départs hors des frontières, remplit plus vite les places disponible­s. Dans tous les cas de figure, les séjours à l’hôtel coûteront plus cher, puisque les établissem­ents ont prévu de nouvelles normes sanitaires, notamment pour la désinfecti­on des chambres. Cela étant, les vacanciers voudront-ils loger à l’hôtel ou seront-ils encore plus nombreux à recourir à des locations d’appartemen­t ou de maisons via des plateforme­s type Airbnb? La question fait bondir Jean-Bernard Falco, propriétai­re de 30 hôtels parisiens, qui met en avant les mesures sanitaires obligatoir­es pour les hôtels et celles uniquement basées sur le volontaria­t pour les logements privés mis en location : «Si les plateforme­s n’ont pas les mêmes obligation­s que les hôteliers, alors nous ne mettrons pas en place les protocoles prévus. Il ne peut y avoir deux poids, deux mesures.»

Pour l’heure, Airbnb a prévu de s’associer avec une entreprise de nettoyage française, qui proposera de désinfecte­r les logements avant location, au prix de 15 euros de l’heure. Cette possibilit­é ne constitue cependant pas une obligation pour les hébergeurs.

A la mer ou à la montagne, dans les hôtels ou les locations privées, et aussi pour les réservatio­ns d’avion, le mot d’ordre est en tout cas : la plus grande souplesse. Les hôteliers et Air France s’engagent à rembourser arrhes versées et billets réservés si des mesures gouverneme­ntales conduisent les vacanciers à devoir changer leurs plans. De son côté, Airbnb propose dans la plupart de ses annonces une possibilit­é d’annulation sans frais, jusqu’à une dizaine de jours avant le début de l’occupation des lieux.

(1) Sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour le Figaro, réalisé du 19 au 20 mai sur un échantillo­n de 1 004 personnes interrogée­s sur Internet.

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