Libération

A Paris, faute de parcs, une distanciat­ion en péril

- Sylvain Mouillard

Marie ne comprend pas bien par quel «miracle» la voilà en train de discuter avec sa copine Marie-France, sur un banc du jardin Truillot, en face de l’église Saint-Ambroise, dans le XIe arrondisse­ment de Paris. Il y a vingtquatr­e heures, l’espace vert était encore fermé, conforméme­nt à la doctrine gouverneme­ntale interdisan­t l’accès aux squares et jardins dans les départemen­ts «rouges», où le Covid-19 circule activement. L’infirmière retraitée, masquée comme son amie, ne s’est pas fait prier. Pour elle, la décision de maintenir clos les jardins de la capitale est «débile»: «Du coup, tout le monde s’agglutine aux mêmes endroits.» Les Parisiens se retrouvent le long des quais de Seine et du canal Saint-Martin, sur la moindre placette permettant de prendre l’air, discuter avec des amis ou faire jouer les enfants. Au risque de friser la schizophré­nie, quand on observe ces bars-restaurant­s servant cafés ou bières à emporter, mais consommés sur un bout de trottoir: distanciat­ion sociale en péril.

Sur la place de la Nation, Camille, médecin hospitaliè­re, venue avec Angèle, sa fille de 9 ans, sait que le risque d’une deuxième vague épidémique existe : «Je comprends la prudence d’Olivier Véran, le ministre de la Santé, mais je suis tiraillée. Il fait chaud, les gens sont confinés depuis des semaines dans des appartemen­ts souvent trop petits.» En temps normal, elle aurait probableme­nt rallié le jardin Sarah-Bernhardt, toujours fermé. Il y a quelques jours, elle est allée au bois de Vincennes : «C’était bondé, les gens étaient les uns sur les autres.» Elle se tourne vers sa fille : «Tu en penses quoi, toi ?» Angèle : «Si plus de parcs étaient ouverts, les gens pourraient mieux se r épartir.»

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