Stefan Hertmans
Le Coeur converti Traduit du néerlandais par Isabelle Rosselin. Folio, 416 pp., 8,50 €. (ebook : 8,49 €).
«La synagogue et la maison de David Todros devaient être proches l’une de l’autre – tout au plus à deux mètres de l’endroit où se situe la vieille maison où j’écris ces lignes. Elles ne pouvaient pas être plus distantes, sinon l’une d’elles aurait été à l’extérieur des murs d’enceinte.»
BIBHOUTI BHOUSHAN BANERJI DE LA FORÊT Traduit du bengali (Inde) par France Bhattacharya, Zulma, 304 pp., 22 € (ebook : 12,99 €).
Dans les années 1920, un étudiant de Calcutta sans travail ni argent, mais heureux des relations sociales que permet et favorise la ville, saisit la proposition que lui fait un riche camarade : devenir le «manager» des quatre cents hectares de forêt que son père possède dans le Bengale oriental. Sa mission consistera à recruter des métayers pour exploiter ce terrain. Le narrateur saisit cette opportunité. Une fois sur place, immergé dans la nature luxuriante, confronté à une population pauvre et ignorante, il regrette la vie intellectuelle et le raffinement de Calcutta. Mais peu à peu, la beauté et la liberté que dégage la forêt à perte de vue lui sont indispensables, et l’idée d’«installer des fermiers» et de «détruire ce paysage» pour le rendre rentable le bouleverse. C’est aussi un mode de vie qu’il s’apprête à anéantir. Ecrit à la fin des années 1930, De la forêt est un roman visionnaire et écologique dont l’auteur, Bibhouti Bhoushan Banerji, mort en 1950, est une grande figure de la littérature indienne.
EDWARD DOCX TROIS JOURS D’AMOUR ET DE COLÈRE
Traduit de l’anglais par Nathalie Bru. Fayard, 414 pp., 22 € (ebook : 15,99 €).
Un père et son fils (le narrateur) traversent la France à bord d’un vieux combi Volkswagen acheté en 1989. Mais, cette fois, il ne s’agit pas de partir en vacances. Ils se rendent en Suisse où le père, atteint d’une maladie dégénérative, a décidé de mourir.
C’est un universitaire londonien au savoir encyclopédique, qui a son mot à dire sur absolument tout. Ils sont rejoints par les deux fils aînés, jumeaux issus d’un premier mariage. Erudit, drôle, épicurien ou navrant, traversé de courants rageurs ou tendres qui prennent leur source dans la mémoire familiale, le voyage est un peu long, mais il ne se laisse pas oublier.
Gail Godwin
Villa Chagrin
Traduit de l’anglais par Marie-Hélène Dumas.
Joëlle Losfeld, 329 pp., 22 € (ebook : 15,99 €).
Sa mère vient de mourir dans un accident de voiture et, à 11 ans, Marcus se retrouve parachuté chez sa grand-tante Charlotte Lee, une peintre solitaire, qui vit en bord de mer sur une petite île de Caroline du Sud. Parmi ses toiles marines, celles représentant une maison de la pointe nord de l’île plaisent particulièrement. Cette villa, à moitié détruite mais envoûtante, est appelée la Villa Chagrin, car un couple et leur fils de 14 ans qui y vivaient ont disparu dans un ouragan cinquante ans plus tôt. Cet été-là, le jeune Marcus se trouve inexplicablement aimanté par ces ruines, comme par le nid de tortues caouannes qui attendent l’éclosion sous le sable pour se précipiter à l’eau. Enfance initiatique d’un petit garçon bien élevé, désireux de trouver sa place, et belle histoire de fantôme et de secrets de famille.