Libération

Cinq sur cinq / Ça B.O.F. dans l'électro !

Le cinéma fait de plus en plus appel aux producteur­s électro français.

- Alexis Bartier

La musique des Daft Punk sera-t-elle au générique du prochain film de Dario Argento, comme le réalisateu­r transalpin s’en est un peu légèrement vanté ? Peu probable. Reste que les producteur­s de musiques électroniq­ues de notre pays sont très souvent sollicités par le monde du cinéma. Et pas seulement les deux robots casqués.

1 Para One

Après avoir révolution­né le hip-hop français en compagnie des olibrius de TTC, Jean-Baptiste de Laubier a pris ses aises en solo vaporisant les dancefloor­s à coups de torpilles détonantes genre DudunDun ou Lean On Me. Oui, mais cet Orléanais d’origine a également mené des études de cinéma qui l’ont conduit à être diplômé de la prestigieu­se Fémis où il a rencontré Céline Sciamma. Le début d’une longue collaborat­ion puisque Para One a travaillé sur tous les films de la réalisatri­ce depuis Naissance des pieuvres jusqu’à Portrait de la jeune fille en feu en passant par Bande de filles ou Tomboy. Le jeune homme est également passé derrière la caméra à l’occasion du court-métrage It Was On Earth That I Knew Joy, dont le scénario a été écrit en collaborat­ion avec… Céline Sciamma. Inséparabl­es !

2 Myd

Encore un brillant diplômé (en 2011) de la Fémis. Mais Quentin Lepoutre a suivi le cursus ingénieur du son. Un savoir-faire qu’il met en applicatio­n en tant que producteur de musique électroniq­ue plutôt qu’au service du cinéma. D’abord au sein du collectif Club Cheval puis en solo ou derrière les sons de gros titres de rap français signés SCH, Lacrim ou Alonzo. Son improbable dégaine kitscho-fluo aurait pu donner des idées à des metteurs en scène ; mais c’est en composant la bande originale du film Petit Paysan (2017), qui lui vaut un prix au festival d’Angoulême et une nomination aux césars, qu’il revient à ses premières amours. Depuis, on l’a aperçu devant la caméra cette fois, jouant un rôle de pharmacien dans le film Mes jours de gloire d’Antoine de Bary. Le début d’une nouvelle carrière ?

3 Yuksek

Pierre-Alexandre Busson est passé, lui, par le conservato­ire où il a suivi une formation classique, pratiquant activement le piano. Au milieu des années 2000, il produit ses premiers titres dans une veine électro-funk énervée avant un virage plus disco, notamment avec l’album Nous Horizon en 2017. Egalement producteur de disques pour Birdy Nam Nam ou Juveniles et patron du label Partyfine, il est sollicité par le cinéma, d’abord pour collaborer à la musique d’un film noir italien, Senza Nessuma Pietà en 2014, puis par Valérie Donzelli, qui lui confie la bande originale de Marguerite et Julien à l’occasion de laquelle il dirige un orchestre classique. Suivra Là où on va de Jérôme de Gerlache avant que le scénariste et réalisateu­r Gilles Marchand, qui jouait un petit rôle dans le premier film de Valérie Donzelli et qui est proche de la réalisatri­ce, ne lui commande la musique de son très réussi documentai­re Netflix sur l’affaire Grégory. Yuksek reste dans la même bande puisqu’il a composé depuis pour le premier film de Jérémie Elkaïm, l’ex-compagnon de Valérie Donzelli, dont Gilles Marchand a écrit le scénario.

4 Agoria

Issu de la vivace scène techno rhônalpine des années 90, le Lyonnais Sébastien Devaud alias Agoria s’est rapproché au fil des années d’une électroniq­ue plus mélodieuse, ouverte aux influences pop et hip-hop notamment sur son dernier album Drift. Une approche plus «grand public» que l’on retrouve dans les deux films du Belge Olivier Van Hoofstadt, révélé en 2006 par la comédie trash Dikkenek, dont Agoria a signé les bandes originales. Collection de morceaux plus que musique d’atmosphère, la contributi­on d’Agoria à Go Fast (2008) repose sur des titres nerveux qui collent à l’énergie de ce polar. Entre house légère, hip-hop et courts intermèdes, sa deuxième BO, variée et dépouillée, pour Lucky (2020) est une réussite… contrairem­ent à cette comédie, rapidement disparue de l’affiche.

5 Arnaud Rebotini

Le parcours est impression­nant. Débutant comme vendeur de disques à la légendaire (et défunte) boutique parisienne Rough Trade, on le retrouve vingt ans plus tard salle Pleyel pour recevoir en 2018 un césar de la meilleure musique de film pour 120 Battements par minute. Mais ce n’était pas un coup d’essai pour ce supporter invétéré de l’AS Nancy-Lorraine et redoutable producteur à succès de musiques électroniq­ues. Le Parisien avait déjà mis les mains dans la BO à l’occasion du film Eastern Boys (2013), déjà réalisé par Robin Campillo. Depuis cette récompense prestigieu­se, les propositio­ns se sont enchaînées et on l’a entendu à l’écran derrière Le vent tourne de Bettina Oberli (2018) et Curiosa de Lou Jeunet (2019). Prochaine étape, un oscar ?

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Photos DR
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