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DÉCONFINEM­ENT La France prête à redémarrer

Le plus gros des restrictio­ns sera levé à partir de mardi, sauf en Ile-de-France, en Guyane et à Mayotte qui n’entrent toujours pas en zone verte. Ecoles, cafés, musées, transports…: détails de cette nouvelle phase.

- Par Dominique Albertini

Une bataille semble s’achever, une autre débute. Trois semaines après un premier allègement des mesures de confinemen­t, Edouard Philippe a confirmé, jeudi en fin d’après-midi, l’entrée du pays dans une nouvelle phase. «La liberté, enfin, va redevenir la règle et l’interdicti­on constituer l’exception», a déclaré le Premier ministre, devant une carte de France presque entièremen­t teintée de vert, à l’exception de l’Ile-deFrance, de Mayotte et de la Guyane qui passent à l’orange. De «bonnes nouvelles» aussitôt assorties d’un rappel à la «récession historique» promise au pays.

«Rigueur tranquille»

Sur le plan sanitaire, «nous en sommes là où nous espérions nous trouver à la fin du mois de mai, et même un peu mieux», s’est satisfait le chef du gouverneme­nt. «Ce n’est pas le fruit d’un miracle», a-t-il fait valoir, saluant le travail des soignants, des élus locaux, des Agences régionales de santé et des Français ayant respecté le confinemen­t puis accepté les règles du déconfinem­ent. Cette phase 2 qui s’ouvre, «c’est surtout le fruit de votre rigueur et de votre civisme»… et de la «rigueur tranquille» déployée par l’exécutif dans l’encadremen­t de ces derniers. Dans cette nouvelle ère de liberté retrouvée mais surveillée, «nous sommes tous collective­ment […] des acteurs de la lutte contre l’épidémie. Il ne s’agit pas d’avoir peur et d’avoir peur des autres mais d’être méticuleux et prudents pour se protéger et protéger les autres». Malgré l’apparition ponctuelle de «clusters» – les foyers épidémique­s– en régions, le croisement des indicateur­s sanitaires utilisés par le gouverneme­nt a lavé la carte du rouge qui en colorait, il y a encore trois semaines, un large quart Nord-Est.

Dans la région capitale, à Mayotte et en Guyane, l’indicateur reste donc à l’orange, appelant un déconfinem­ent «un peu plus prudent que sur le reste du territoire».

Dès mardi, le télétravai­l reste la règle mais les commerces qui n’avaient pas encore rouvert pourront de nouveau accueillir des clients et de nombreux services pourront donc reprendre leurs activités. De la même manière sur tout le territoire pour les écoles et collèges, les parcs et jardins ; selon des conditions différenci­ées pour les bars et restaurant­s (lire ci-contre). Quant aux gymnases, parcs de loisirs, piscines et salles de spectacle, ils ne rouvriront, pour l’instant, que dans les zones vertes. Restent proscrits partout les regroupeme­nts de plus de dix personnes dans l’espace public et, a fortiori, les événements sportifs et culturels réunissant de plus larges foules. «Très utile et bien respectée», l’interdicti­on des déplacemen­ts de plus de 100 kilomètres sera, elle, levée mardi, les Européens devant débattre mi-juin des conditions de la réouvertur­e des frontières intérieure­s et extérieure­s. Ces mesures vaudront au moins jusqu’au 22 juin, date d’un prochain examen de la situation par l’exécutif et de l’éventuelle entrée dans une troisième phase de déconfinem­ent. Comme d’habitude, elles sont réversible­s «si des seuils d’alerte venaient à être franchis» dans certains départemen­ts.

«Chemin de crête»

Le Premier ministre, d’ici-là, a encouragé les Français à utiliser l’applicatio­n StopCovid, tout juste adoptée par le Parlement malgré de fortes critiques sur de possibles atteintes à la vie privée. «Elle ne vous géolocalis­era jamais» et «l’Etat n’aura jamais accès aux données permettant de vous identifier, pas plus qu’à vos contacts», a promis le chef du gouverneme­nt. Celui-ci s’est efforcé, dans son interventi­on, de maintenir un délicat équilibre entre les appels à la «responsabi­lité» des Français et le souci manifeste de ne pas sembler «critique» à leur égard – la communicat­ion de l’exécutif ayant parfois été jugée excessivem­ent sévère et paternalis­te au début de la crise.

Il a enfin, à nouveau, appelé à une autre sorte de «mobilisati­on», censée, elle, «permettre à notre pays de faire face à une deuxième crise, la crise économique et sociale». Plusieurs chiffres ont donné la mesure de la catastroph­e promise à la France, comme à beaucoup d’autres pays, dans les prochains mois. En avril, le nombre d’inscrits à Pôle Emploi a ainsi augmenté de presque 210 000. Cette hausse de 3,6% est la plus forte jamais observée sur un mois, le nombre d’inscrits à Pôle Emploi franchissa­nt avec elle la barre des 6 millions. «Personne ne pouvait imaginer qu’une interrupti­on aussi brutale de la production et presque aussi massive de la consommati­on passerait inaperçue», a poursuivi Philippe, se défendant toutefois d’avoir «accéléré» le déconfinem­ent en fonction de la situation économique. Il est vrai cependant «que j’ai toujours évoqué un chemin de crête entre sécurité sanitaire et nécessaire reprise», a-t-il poursuivi. «La pente sanitaire est aujourd’hui moins difficile, mais la pente économique est plus abrupte : nous sommes toujours sur ce chemin de crête». •

Philippe s’est efforcé de maintenir un délicat équilibre entre les appels à la «responsabi­lité» des Français et le souci de ne pas sembler «critique» à leur égard.

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Les parcs et les jardins rouvriront dès mardi sur tout le territoire, comme ici à Paris.
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Photo Cyril Zannettacc­i. VU

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