Libération

Le chômage a explosé en avril

- Christophe Alix

Le nombre de chômeurs augmente, et ce n’est sans doute qu’un début. Les statistiqu­es de Pôle Emploi pour le mois d’avril, premier mois plein de confinemen­t, confirment, sans surprise, une très forte hausse du chômage des demandeurs d’emploi sans aucune activité (catégorie A) : + 843 000, soit + 22,6 %. Une hausse sans aucun équivalent depuis la mise en place, en 1996, de la classifica­tion actuelle des demandeurs d’emploi. Le mois de mars s’était déjà traduit par un bond déjà record de 7,1 %. Au total, depuis le mois de janvier, cette progressio­nconcerne 1,065 million de personnes (+ 30,3 %) et pour la première fois, fin avril, la barre des 4 millions de demandeurs d’emploi sans aucune activité a été franchie avec 4,575 millions de chômeurs en catégorie A. Toutes les tranches d’âge sont concernées, à commencer par les plus jeunes (+ 29,4 % chez les moins de 25 ans) et les hommes, un peu plus touchés que les femmes. La progressio­n est un peu moins marquée pour les personnes plus âgées même si elle reste très élevée: +24% pour les 25-49 ans et + 16,1 % chez ceux ayant au moins 50 ans. L’augmentaba­uches, tion touche l’ensemble des régions, avec une intensité un peu moins marquée dans les territoire­s d’outre-mer. Dans les faits, cette forte hausse s’explique surtout par le net recul du travail en activité réduite, qui remplit d’ordinaire un rôle d’amortisseu­r, et qui à l’inverse s’est fortement restreint avec le confinemen­t. La détériorat­ion spectacula­ire intervenue en avril est ainsi imputable aux trois quarts au transfert de ces demandeurs d’emploi qui travaillai­ent précédemme­nt à temps partiel et ont basculé en catégorie A. Avec le confinemen­t intégral et l’arrêt subit de l’économie, nombre de salariés en contrats courts (intérim ou CDD) inscrits en catégorie B (moins de 78 heures par mois) ou C (plus de 78 heures) ont en effet cessé tout travail, ce qui confirme que ce sont bien les travailleu­rs les plus précaires qui sont les premiers touchés par les effets de la pandémie sur le marché du travail.

Au total, l’effectif des catégories A, B et C ne s’accroît que de 209 300, soit + 3,6 %, ce qui n’en constitue pas moins «la plus forte hausse mensuelle jamais enregistré­e» selon Pôle Emploi. Le quart restant provient de la différence entre les entrées directes en catégorie A de personnes non inscrites en mars et les sorties de Pôle Emploi.

Avec une chute de 35 %, les sorties de Pôle Emploi ont atteint «leur minimum historique» selon l’opérateur, du fait d’une dégringola­de des em

des entrées en stage ou en formation. Et bien qu’elles restent supérieure­s aux sorties, les inscriptio­ns à Pôle Emploi ont elle aussi fortement diminué (- 19 %). «Certaines personnes ont sans doute, compte tenu de la situation, différé leur entrée sur le marché du travail», souligne Pôle Emploi. Les entrées pour fin de mission d’intérim ou fin de contrat reculent (- 18 000 et - 4 600) «mais restent à des niveaux élevés». Le ministère du Travail s’est contenté d’indiquer que cette hausse «était prévisible car avril est le premier mois intégralem­ent marqué par le confinemen­t», ce qui a conduit «à des non-renouvelle­ments de missions d’intérim ou de contrats courts ainsi qu’à une baisse des embauches encontrats de courte durée». Autrement dit, conclut le ministère, «le chômage augmente parce que les entreprise­s, dans le contexte actuel, n’embauchent plus, mais pas parce qu’elles licencient massivemen­t». Une situation qui pourrait radicaleme­nt changer dans les mois qui viennent avec les plans sociaux en préparatio­n et dont on a déjà vu les premiers effets dans des secteurs déjà très fragilisés comme le textile.

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