Libération

Amal Bentounsi, soeur d’une victime

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«Dès lors qu’on dénonce des abus, on est taxé d’être antipolice»

Amal Bentounsi a fondé le collectif des familles des victimes tuées par la police. Son frère, Amine Bentounsi, a été abattu d’une balle dans le dos en 2012 lors d’une course-poursuite à Noisy-le-Sec.

«Pour moi, le discours du secrétaire d’Etat est classique. Il n’y a aucune remise en question de la police. Elle est soutenue par sa hiérarchie, le ministère de l’Intérieur et la majorité des médias dominants. Dès lors qu’on dénonce des abus ou qu’on ne va pas dans leur sens, on est directemen­t taxé d’être antipolice et de nuire à leur sécurité. Alors que de nombreuses victimes attendent que l’institutio­n se remette en question, ce discours est insupporta­ble. On devrait tout leur pardonner sous prétexte qu’ils nous rendent service ? On veut qu’ils soient irréprocha­bles. Et que, lorsqu’ils commettent des actes graves, il n’y ait pas de clémence. Pourtant, la plupart des affaires aboutissen­t à des non-lieux. La France baigne dans une culture d’impunité policière. Il faut continuer à se battre pour faire avancer les choses. Le policier qui a tué mon frère a ainsi été condamné en appel en 2017 à cinq ans de prison avec sursis : une condamnati­on en demi-teinte mais une condamnati­on quand même. Nous avons fondé l’applicatio­n mobile “Urgence violences policières” qui permet de capter les interventi­ons policières et de conserver les images géolocalis­ées sur un serveur sécurisé. Pas pour faire du buzz, mais pour atténuer les tensions qu’il pourrait y avoir sur place, le policier se sachant filmé.»

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