Libération

Covid-19 : de la létalité aux primes, vos questions nos réponses

L’appli StopCovid va-t-elle pister nos contacts téléphoniq­ues ?

- Vincent Coquaz

«Si vous installez l’applicatio­n StopCovid, je vous demande de me retirer de votre liste de contacts, parce que cette applicatio­n va rechercher tous les contacts enregistré­s afin de “pister”», s’alarme une internaute. Et elle n’est pas la seule. Le programme, qui doit être lancé ce week-end pour permettre de signaler à ses utilisateu­rs s’ils ont été en contact prolongé avec une personne touchée par le Covid-19, est largement pointé du doigt sur Facebook. L’inquiétude n’est pas née en France : on trouve des messages similaires dès le 6 mai, en Suisse, alertant sur le programme SwissCovid. D’abord partagée sur le réseau social, l’intox a fait son chemin jusqu’à… l’Assemblée nationale. Au perchoir mercredi, lors du débat sur StopCovid, JeanLuc Mélenchon alerte : «Je bénéficie de ce privilège d’être à la tribune pour dire à tous ceux qui m’ont dans leur annuaire, leur agenda, leurs contacts, de retirer mon nom immédiatem­ent si jamais ils utilisent cette applicatio­n.»

Ces alertes reposent sur une mauvaise compréhens­ion de StopCovid. Celle-ci ne fonctionne ainsi que sur les téléphones où elle est installée. Pour faire simple, lorsque le programme sur votre téléphone détectera un contact prolongé avec un autre appareil doté de l’applicatio­n, il enregistre­ra un identifian­t (sorte de pseudonyme temporaire, généré aléatoirem­ent) qui correspond à l’autre appareil, pour garder la trace de ce contact, et pouvoir vous notifier en cas de contaminat­ion de l’autre personne (ou notifier l’autre personne si c’est vous qui êtes contaminé). Surtout, la détection du contact prolongé se fait grâce au Bluetooth, qui ne marche qu’à très courte distance. Elle n’utilise donc ni le GPS, ni le répertoire du téléphone et encore moins les contacts sur les réseaux sociaux. Pour ceux qui veulent s’en assurer, le code informatiq­ue de StopCovid a été mis en ligne. En y regardant de plus près, un hacker confirme à Libération que l’applicatio­n fait bien ce qu’elle prétend faire. Rien de plus. Ce qui est déjà trop pour de nombreuses associatio­ns de défense des libertés. La Ligue des droits de l’homme, Amnesty Internatio­nal et la Quadrature du Net mettent par exemple en garde contre l’appli, soulignant notamment le risque d’accoutuman­ce aux techniques de surveillan­ce qu’elle pourrait créer chez les Français.

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