Libération

Art / Les spectres lumineux de Miriam Cahn

- Clémentine Mercier

Une bande de personnage­s au regard bleu intense attend le visiteur à la galerie Jocelyn Wolff. S’échappant des murs à travers des feuilles de papier blanc, ces figures anonymes, ni vraiment masculines ni clairement féminines – poitrines saillantes, sexe en érection, queues animales – hypnotisen­t ceux qui les regardent malgré leurs contours flous, quasi-ectoplasmi­ques. Est-ce parce qu’elles ont toutes les yeux braqués sur nous qu’on ne peut détacher notre regard du leur ? La plupart dénuées de cheveux, elles imposent une présence fantomatiq­ue et irradient de leur transparen­ce rose et bleutée. Et parmi ces spectres, même une drôle de petite bête, mi-hibou mi-chat, aspire la pièce avec ses yeux caverneux. Sans doute est-ce parce que la peintre Miriam Cahn, née à Bâle en 1949, les a dessinées «à chaud» à Sarajevo ? Pour cette exposition d’oeuvres des années 90, la galerie est allée puiser dans un corpus d’aquarelles, de pastels et d’huiles réalisées à l’Obala Art Center (Sarajevo), peu après la guerre de Bosnie-Herzégovin­e. Ainsi flottent dans les dessins, sur les murs et dans de petites sculptures posées au sol, une atmosphère cryptique mais aussi sympathiqu­e, c’est le tour de force de l’artiste suisse. Un deuxième volet avec des oeuvres récentes de Miriam Cahn devrait ouvrir à Romainvill­e (Seine-Saint-Denis), dans le second espace de la galerie Jocelyn Wolff, à partir de la fin du mois de juin.

Notre sud (first chapter) de Miriam Cahn à la galerie Jocelyn Wolff (75020), jusqu’au 31 juillet.

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