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A Lille, Martine Aubry et les écolos irréconcil­iables

Depuis sa première élection en 2001, la maire PS s’allie au second tour avec les Verts. Mais les deux listes n’ont pas réussi à s’entendre, provoquant une triangulai­re avec la candidate LREM.

- Stéphanie Maurice

Deux solos et une triangulai­re inédite. A Lille, la gauche part désunie : Martine Aubry et les Verts, ses challenger­s, s’affrontero­nt finalement lors du second tour, chacun se rejetant la responsabi­lité de l’échec de la fusion des deux listes. Le 28 juin, le scrutin opposera donc le PS, EE-LV et la candidate LREM, Violette Spillebout, qui s’est qualifiée le 15 mars avec 17,5 % des voix. Depuis dix-neuf ans pourtant, les écologiste­s avaient l’habitude de compter leurs forces au premier tour des municipale­s avant d’accepter un accord avec Martine Aubry et de faire partie de sa majorité municipale. Mais avec un score «historique» de 24,5 % des voix au premier tour,

EE-LV s’est senti pousser des ailes et des ambitions que la maire de Lille n’a guère appréciées. Avec ses 29,8 % des voix, Martine Aubry estime être victime de la forte abstention due à la pandémie de Covid-19. «L’abstention a pesé surtout dans les quartiers populaires» qui votent traditionn­ellement socialiste, analyse Roger Vicot, numéro 2 de la liste Aubry. Surtout, expliquet-il, lors de la réunion de négociatio­n, jeudi, entre les deux listes, «nous n’étions pas sur la même longueur d’onde. Nous voulions parler des programmes, les Verts voulaient parler exclusivem­ent du nombre de places qu’ils auraient».

En fait, la rupture entre EE-LV et Martine Aubry est plus ancienne. La campagne a été rude de part et d’autre, avec pas mal de noms d’oiseaux échangés. Bilan : les deux camps font état d’un «manque de confiance» réciproque. Cette absence de fusion n’est donc pas une vraie surprise. Les deux équipes sont d’accord sur la pierre d’achoppemen­t: l’étiage de la présence verte sur la liste commune. «Nous avions dit que la base de négociatio­n devait tenir compte à la proportion­nelle des résultats du premier tour», fait-on valoir dans l’entourage de Stéphane Baly, la tête de liste EE-LV. Le candidat commente : «Nous étions prêts à des compromis, mais Martine Aubry ne voulait pas perdre sa majorité absolue au conseil municipal.» Impossible pour elle d’avoir moins de 31 conseiller­s sur 61 en cas de victoire, estime-t-il. «Le principe d’une élection municipale, c’est la prime majoritair­e, réplique Marie-Pierre Bresson, ancienne EE-LV qui figure sur la liste d’Aubry. Nous étions disposés à discuter de l’ampleur de cette prime, les Verts nous ont renvoyés dans les cordes.» vraiment.

Stéphane Baly a tenté vendredi de faire fléchir Martine Aubry en passant par les instances nationales du PS. Le premier secrétaire, «Olivier Faure, était d’accord pour une juste représenta­tion des électeurs quitte à perdre cette majorité absolue», comme cela a été approuvé à Rennes, assure le candidat écolo. A Rennes, mais pas dans le fief de l’ancienne première secrétaire du PS.

Inconcilia­bles,

Correspond­ante à Lille

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