Le plan de sauvetage pour le secteur aéronautique dévoilé
Les plans de relance du gouvernement à l’industrie se suivent et… ne se ressemblent pas tout à fait. L’automobile a été créditée il y a quinze jours de 8 milliards d’euros, essentiellement pour soutenir Renault et les achats en concessions. Mardi, le ministre de l’Economie a annoncé un engagement de 15 milliards d’euros pour l’aviation civile et militaire : «Nous décrétons l’état d’urgence pour sauver notre industrie aéronautique, pour lui permettre d’être plus compétitive», a martelé Bruno Le Maire. Objectif : éviter qu’Airbus, les autres grands industriels de l’aéronautique et leurs sous-traitants ne partent en vrille, avec le gel des commandes provoqué par l’épidémie qui a cloué les avions au sol. «Nous devons éviter tout décrochage vis-à-vis de Boeing et de Comac [un grand constructeur chinois, ndlr]», a souligné le ministre. Ces 15 milliards ne correspondent toutefois pas au montant du
Au-delà du soutien à la compagnie nationale, l’Etat veut donc éviter des licenciements massifs chez les constructeurs Airbus et Dassault, ainsi que chez le motoriste Safran ou encore l’électronicien Thales, les quatre piliers de cette filière forte de 300 000 emplois. Le sous-traitant Derichebourg menace déjà de supprimer 700 postes, soit un sur deux, sur son site de Toulouse-Blagnac si les salariés n’acceptent pas un «accord de performance» prévoyant notamment la suppression de leur 13e mois. Pour limiter les annulations de commandes qui plombent l’aéronautique, l’un des rares secteurs industriels où la France a une position leader, l’Etat va jouer les banquiers. En clair, lorsqu’une compagnie aérienne acceptera de reporter plutôt que d’annuler une livraison d’avions, le ministère de l’Economie permettra de décaler de douze à dix-huit mois le paiement des appareils et assumera le relais financier. Coût de l’opération: 3,5 milliards pour le budget de l’Etat. Une mesure indispensable selon un cadre d’Airbus joint par Libération : «En ce moment, nous devons avoir près de 150 avions terminés et non livrés», constate-t-il.
Par ailleurs, Bercy va mettre 500 millions d’euros sur la table afin de créer un fonds d’investissement destiné à soutenir les sous-traitants. Les grands industriels de l’aéronautique sont priés d’apporter 200 millions. Le tout servira à apporter des capitaux à ceux qui fabriquent les bouts d’avions ou de moteurs qui sont ensuite assemblés à Toulouse ou à Hambourg, sites européens de production d’Airbus. Histoire de redonner un peu de tonus au carnet de