«Cela condamne des pratiques d’un autre âge»
Le jugement de l’affaire Fillon est relativement exemplaire, selon l’ONG Transparency France, qui plaide cependant pour un cadre plus précis pour les assistants parlementaires.
Nadège Buquet, déléguée générale de Transparency International France, revient sur les enseignements à tirer de l’affaire Fillon.
Le jugement des époux Fillon marque-t-il un tournant dans la moralisation de la vie politique ?
Ce délibéré est relativement exemplaire, et donc significatif. Les peines sont lourdes et assorties d’inéligibilité, des sanctions qui ne sont pas souvent prononcées par la justice. De fait, ce sont des signaux visibles pour d’autres parlementaires et autant d’incitations, par la à agir de la façon la plus éthique qui soit. Cela condamne des pratiques d’un autre âge. Ce jugement est important, mais le premier virage a surtout été pris en septembre 2017. Depuis les lois «pour la confiance dans la vie politique», un parlementaire français ne peut plus embaucher un membre de sa famille comme attaché parlementaire. La liste de ces collaborateurs est publique et il leur est désormais interdit d’être rémunérés, en plus de leurs fonctions, par des représentants d’intérêts. Ces avancées sont-elles suffisantes ? Malgré ce virage, on est restés au milieu du gué. Les collaborateurs parlementaires ne bénéficient toujours pas d’un réel statut global, avec des règles déontologiques claires. Le cas de Penelope Fillon s’inscrit là-dedans. Et à partir du moment où on maintient une opacité, on maintient une suspicion. Il faut donc aussi contrôler davantage le budget des groupes politiques parlementaires, ainsi que les frais de mandat. Depuis près de trois ans, une liste de dépenses autorisées et interdites existe, mais il faut imposer plus de transparence. Notamment la possibilité d’être remboursé sur la base de justificatifs des frais engagés. Nous préconisons que les parlementaires et leurs agents puissent avoir recours à des déontologues pour qu’ils chassent d’éventuelles zones d’ombre et les manquements potentiels à la probité. Il est ainsi nécessaire d’avoir un cadre législatif autrement plus précis. Car la législasanction, tion actuelle ne garantit pas qu’il n’y ait plus de nouvelles affaires Fillon.
Dans cette affaire, et au-delà, l’indépendance et les méthodes du Parquet national financier sont sous le feu des critiques. Que préconisez-vous ?
Beaucoup de choses sont perfectibles, parce que c’est une jeune institution, créée en 2013. Mais elle est essentielle dans la lutte contre la corruption. Il ne faut pas la supprimer mais renforcer son indépendance. Depuis plusieurs années, notre position est la suivante : il faut procéder de la même façon, lors des nominations comme lors du suivi des parcours, pour les magistrats du siège comme pour ceux du parquet. Donc que la chancellerie propose certes des noms, mais que le Conseil supérieur de la magistrature ait le dernier mot. Et non l’inverse.
Un couple franco-allemand solide et déterminé : tel est le message que comptaient diffuser Angela Merkel et Emmanuel Macron lundi soir, à l’issue de leur raout au château de Meseberg et à la veille de la présidence allemande de l’UE. Objectif : s’accorder sur leur plan de relance économique à 750 milliards d’euros avant les négociations avec les «quatre frugaux» (l’Autriche, les Pays-Bas, la Suède et le Danemark), qui renâclent à mutualiser les aides européennes.
LIBÉ.FR
Mort de Michel Reynaud, pionnier de l’addictologie en France
C’est un combat de santé publique que Michel Reynaud aurait sûrement mené avec fougue. Des études inédites montrent ces jours-ci le grand intérêt de vapoter plutôt que de fumer pour une femme qui attend un enfant : cela permettrait de réduire notamment le risque de prématurité. Mais voilà, Michel Reynaud, un des fondateurs de l’addictologie en France, ne pourra pas le conduire. Il est mort ce weekend d’un cancer foudroyant. Il avait tout juste 70 ans. En janvier, il avait défendu bec et ongles l’initiative du «Dry January», le mois sans alcool.