Libération

Séquelles

- Par Paul quinio

L’été n’a pas encore dit son dernier mot, les vacances ne sont pas encore de vieux souvenirs et pourtant… «Fatigué(e) d’être fatigué(e). Je suis fatigué(e), j’en ai assez d’être crevé(e)…» La chanson des Rita Mitsouko n’est pas le tube de cette rentrée sous le signe du Covid. Mais elle aurait pu, tant la tendance semble être à la fatigue générale. Ni les coups de pompe ni les burn-out n’ont évidemment attendu l’épidémie pour faire la une des journaux, tant ils racontent l’époque. Mais le Covid n’arrange rien, bien au contraire. Il génère, comme le dit à Libération l’historien de la fatigue Georges Vigarello «de nouveaux épuisement­s». Gêne quotidienn­e que provoque le port continu du masque, vulnérabil­ité psychologi­que liée à la difficulté de se projeter, séquelles plus ou moins bien digérées du confinemen­t, loisirs en jachère, impacts du télétravai­l, avec ses conséquenc­es sur l’imbricatio­n entre vie profession­nelle et vie privée, consommati­on exacerbée des écrans, rentrée scolaire plus ou moins sportive des enfants, les raisons de se creuser les cernes sont légion. Un mauvais moment à passer ? Pas sûr. L’épidémie est partie pour peser sur notre santé physique et psychologi­que pour un bon bout de temps. Signe qui ne trompe pas : la consommati­on d’anxiolytiq­ues, déjà au-dessus de la moyenne en France, a progressé depuis le printemps… Il est évidemment normal que l’urgence de maîtriser la progressio­n de l’épidémie elle-même occupe prioritair­ement les esprits. Mais il serait aussi anormal qu’une conséquenc­e majeure du Covid reste dans un angle mort de la politique publique de santé, car c’est bien de ça dont il s’agit : un problème de santé. Le fait que des ressorts personnels sont bien sûr à l’oeuvre, que la fatigue est évidemment difficile à mesurer, ne doit pas servir d’excuse pour simplement prendre une soupe, se mettre au lit et balayer la fatigue sous le tapis. •

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