Du voile à la canicule : vos questions, nos réponses
Covid-19 : l’épidémie recule-telle vraiment en Ile-deFrance ?
Le nombre de reproduction du virus (Sars-CoV-2) est un des indicateurs de suivi de l’épidémie. Il correspond au nombre de personnes qu’une personne contaminée va elle-même infecter. Au tout début de l’épidémie, quand le virus circulait «librement», c’est-à-dire sans aucune barrière imposée par l’homme (confinement, masque…), ce R, appelé R0, était de 3 en France. Une personne contaminée en contaminait donc en moyenne trois autres, et chacune de ces trois personnes nouvellement infectées contaminait ensuite trois autres individus, et ainsi de suite. Une fois l’épidémie «lancée», on parle de R effectif, calculé, depuis mai et le développement du dépistage, sur la base des résultats des tests PCR. Après le confinement, le R effectif a naturellement chuté, passant sous la valeur de 1. L’épidémie régressait alors puisqu’une personne infectée en contaminait, en moyenne, moins d’une. Avec un R effectif à 0,7 par exemple, 10 personnes infectées ne contaminaient plus que 7 personnes. A partir de juin, cependant, ce R effectif s’est nettement redressé, repassant au-dessus de 1.
Depuis, il a un peu baissé, pour atteindre, sur le plan national, 1,09 pour la semaine comprise entre le 6 et le 12 septembre. En Ile-deFrance, le R effectif est même passé sous le 1, pour atteindre 0,93. Ce qui correspond à une légère régression de l’épidémie (une personne contaminée en contamine moins d’une). Et permet, dès lors, de classer cette région (le R effectif se calcule au niveau régional) en vert, le barème comprenant un premier échelon, vert, pour un R compris entre 0 et 1, un échelon orange pour un R entre 1 et 1,5, et rouge au-delà de 1,5.
Comment expliquer ce chiffre encourageant dans une région où le taux d’incidence (nombre de nouveaux cas sur une semaine pour 100 000 habitants) est supérieur à celui de toutes les autres régions métropolitaines (sauf Paca) ? Cette apparente contradiction réside dans le fait que le R effectif ne mesure pas un niveau de contamination, mais la dynamique de l’épidémie. Un territoire, en l’occurrence l’Ile-de-France, peut ainsi présenter un nombre élevé de contaminations, mais si l’épidémie ralentit, avec un nombre d’infections secondaires qui diminue, alors le R effectif baissera. Par exemple, si sur un territoire 10 000 personnes contaminent, dans un second temps, 10000 autres personnes, le R effectif sera de 1 (comme en Ile-de-France). En revanche, sur un autre territoire, si 100 personnes en contaminent 200, le R effectif sera de 2, alors que le niveau épidémique sera beaucoup plus faible qu’au sein du premier territoire.
Par ailleurs, il est probable que cette estimation du R effectif en France, et notamment en Ile-de-France, soit partiellement faussée. En effet, les données prises en compte pour la semaine du 6 au 12 septembre s’arrêtent au 15 septembre. Or, les résultats des tests mettent parfois jusqu’à six ou sept jours à remonter. Autrement dit, de nombreux tests positifs, pour lesquels les prélèvements ont été réalisés lors de cette semaine de référence, n’ont pu être pris en compte, minorant le R effectif. Enfin, «la saturation de la capacité de tests dans cette région peut conduire, audelà de l’allongement des délais, à sous-estimer la dynamique de croissance de l’épidémie», estime Santé publique France.