Les températures actuelles sont-elles vraiment inédites pour un mois de septembre ?
Près de 38°C à Orthez (PyrénéesAtlantiques), presque 37°C au Mans… Les températures de lundi dernier ont amené Météo France au constat suivant: «La France n’avait jamais eu aussi chaud en septembre.» Pourtant, on a pu lire ou entendre dans les médias –comme à chaque épisode caniculaire – qu’il existe un précédent : la vague de chaleur de 1911. Cette année-là, la canicule tuait
40 000 personnes en France. En réalité, la comparaison des températures est presque impossible avec cette époque, car la méthode et les outils de mesure ont trop changé depuis. Prenons l’indicateur thermique du pays, qui est une moyenne des températures enregistrées par 30 stations météorologiques. Selon Météo France, il était, lundi dernier, de 33,4°C. Précédent record ? 32,6°C, en 1949. Mais impossible de le connaître pour 1911… puisqu’il n’est calculé
que depuis 1947. De même, il est vrai que les températures sont enregistrées à Paris depuis 1872. Mais à l’époque, «l’abri météo», la boîte blanche qui accueille le thermomètre, était entrouvert et orienté au nord. D’où un risque de réverbération du soleil, faisant monter le mercure. Depuis 1930, les abris sont ventilés, mais fermés. Et comme le remarque le climatologue de Météo France Jean-Michel Soubeyroux, «les records de chaleur d’avant 1930 sont tous plus éle
vés que les records d’après cette date» – il est donc plus prudent de ne pas remonter au-delà de 1930 dans les comparaisons. Le scientifique ajoute que si les vagues de chaleur en septembre font «partie du climat français», le changement climatique «accentue la température maximale au cours de ces événements, de 2 à 3 degrés, les faisant passer de moments de fortes chaleurs à une quasi-canicule de plein été».