Extraterrestres
Musiciens et chanteurs ont donné leur nom à des astéroïdes.
Dans l’espace, les plus grands astres ont des noms de divinités mythologiques (Jupiter, Vénus…). Et les plus petits ? Quand il découvre un astéroïde, un astronome peut le nommer comme il le souhaite. Il semble qu’on trouve beaucoup de mélomanes chez les amoureux du ciel. La preuve avec cinq artistes littéralement cosmiques.
1 Jean-Michel Jarre
Il faut bien l’infini de l’espace pour contenir ses ambitions. Le pionnier de l’électronique a toujours eu la tête dans les étoiles. Dès 1986, il célébrait les 25 ans de la Nasa à Houston devant 1,5 million de personnes. Le point d’orgue aurait dû être, en direct depuis la navette Challenger, un solo de saxophone de l’astronaute Ron McNair, tragiquement disparu dans l’explosion de la navette au décollage quelques mois plus tôt. Le choc n’a pas atténué la passion de Jarre : en 1997, à Moscou, il interrompt son show pour communiquer avec la station Mir. En 2001, il a bien sûr rendu hommage à Arthur C. Clarke, auteur du livre 2001: l’Odyssée de l’espace, et la liste de ses hommages aux étoiles pourrait continuer à l’infini. Normal, donc, qu’en 1990, Gareth V. Williams, président du Centre des planètes mineures, nomme l’astéroïde 4 422 du nom de Jarre. Est-ce qu’on y trouve de l’oxygène ?
2 David Bowie
Depuis 2015, le Starman vogue dans la ceinture d’astéroïdes. Quoi de plus logique pour un artiste dont la carrière a décollé grâce à la Lune. Car en 1969, la BBC choisit d’accompagner les incroyables images du premier homme foulant le sol lunaire avec Space Oddity, signé par un David Bowie encore inconnu. Ce premier succès n’est dépassé qu’en 1972, lorsqu’il vise plus loin que la Lune avec Mars, ses araignées et son Ziggy Stardust. Son aura extraterrestre est définitivement entérinée en 1976 avec son premier rôle dans le film l’Homme qui venait d’ailleurs. La mise à mort de ses avatars et la transformation du Major Tom en junkie en 1979 dans Ashes to Ashes n’y changent rien. Alors que l’astéroïde à son nom vogue au-delà de la planète rouge, Bowie s’en est allé encore plus loin, sur une Blackstar dont la position nous est malheureusement inconnue.
3 Kate Bush
Elle doit sa mise en cosmos à Alain Maury, astronome français qui a découvert plus de 1 000 astéroïdes. Mélomane, il a également rendu hommage à Mercedes Sosa, Pink Floyd, les Rolling Stones, Boby Lapointe, Katie Melua et bien d’autres. La coutume veut que le choix d’un nom s’accompagne d’un court texte explicatif. Dans celui dédié à Kate Bush, l’astronome l’y décrit comme ayant «une voix envoûtante», au style «presque alien». Il évoque également le titre de 1985 Hello Earth, dans lequel Bush s’imagine observant notre planète depuis l’espace. Planant à souhait, avec ses choeurs et sa construction épique, il confirme que Maury ne s’y est pas trompé. Après la dénomination de l’astéroïde Katebush en 1998, la chanteuse anglaise a remercié l’astronome en l’invitant à l’un de ses concerts à Londres. En gardant les pieds sur Terre.
4 Freddie Mercury
«Je suis une étoile filante bondissant à travers le ciel.» Ces paroles, extraites de Don’t Stop Me Now, sont devenues parfaitement véridiques en 2016. La veille de ce qui aurait été le soixante-dixième anniversaire de l’excentrique leader de Queen, l’astéroïde numéro 17 473 a pris le nom de Freddiemercury. Il était auparavant siglé FM, et avait été découvert en 1991, l’année de la mort du chanteur. Deux raisons qui ont poussé à choisir ce corps céleste en particulier. Cet hommage a été réalisé avec la complicité du guitariste Brian May qui, avant le succès de Queen, avait démarré une thèse d’astrophysique, finalement achevée en 2007. Du bruit des stades au silence des étoiles.
5 Georges Brassens
S’il a bien été enterré à Sète, notre moustachu préféré a également été propulsé dans l’espace. En 1964, pourtant, il reprochait aux scientifiques d’avoir tué la poésie du monde dans le Grand Pan : «La bande au professeur Nimbus est arrivée, /Qui s’est mise à frapper les cieux d’alignement, /Chasser les dieux du firmament», chantait-il, plein de reproches. Il faut croire qu’Alain Maury, encore lui, n’en a pas pris ombrage, puisque en 1984, il gratifie un astéroïde de son nom. Ce monument de la culture française évolue donc parmi les quelque 800 000 astéroïdes découverts à ce jour. Sachant qu’à peine 4 % d’entre eux bénéficient d’un vrai nom, et non d’un simple chiffre, il y a encore de la place pour rejoindre le panthéon céleste. A qui le tour ?