Adrien Girault Monde ouvert Editions de l’Ogre, 157 pp., 18 €.

A bord de sa Xantia, Dale rejoint Sven dans un entrepôt perdu au milieu d’une cambrousse isolée. Ils gardent tous deux un mystérieux otage, que seul Sven a le droit de voir et de nourrir, et qui a été enlevé par «la cause». En ce début d’hiver, les conditions de vie commencent à être rudes, bientôt il neige. «Il suffisait d’une couverture pour rendre à la terre sa beauté.» Le tandem est du genre contemplatif et patient, mais les jours passent, sans nouvelles du «parti» dont on se demande bien duquel il s’agit. Les deux hommes s’apprivoisent petit à petit, désertent les lieux pour aller explorer les environs, dormir dans une cabane, boire dans un bar… Le scénario pourrait ressembler à celui d’un jeu vidéo, d’autant que Sven, ancien militaire, aime et fabrique des armes comme si des confrontations allaient advenir. Ce n’est pas la première fois qu’il joue les mercenaires d’un kidnapping : «Il avoua avoir déjà participé à une mission de ce type pour la cause, en hiver de l’année précédente. A l’entrepôt, au même endroit. L’otage, enfin surtout les proches de l’otage, ne s’étaient jamais résolus à payer la rançon. Ils étaient en mauvais terme avec l’otage, ils ne le voyaient plus. Qu’il crève, leur avaient-ils dit, en substance. Ils n’avaient plus donné signe de vie.» La situation se délite, leur rôle de geôliers dérape. Une forme de sauvagerie et de paranoïa prend le dessus. Monde ouvert tient de la dystopie hallucinée ou du conte absurde.