Veolia-Suez : le recours des salariés validé en appel
guerre de positions se poursuit entre Suez, numéro 2 français de la distribution d’eau et du traitement des déchets, et le numéro 1, Veolia, qui ambitionne de racheter son concurrent. Jeudi, la cour d’appel de Paris a confirmé un jugement rendu en référé le 9 octobre. A la suite d’un recours déposé par les représentants des salariés de Suez, la justice avait suspendu les effets du rachat de 30 % des actions de Suez par Veolia. C’est précisément ce «gel» qui a été conforté. Pendant trois mois et bien que propriétaire de 30% du capital de Suez, Veolia ne pourra bouger le petit doigt et influer sur la stratégie de la boîte. Veolia a maintenant trois mois pour transmettre à Suez le détail et l’impact de son projet d’achat car c’est précisément le manque d’information des salariés face à une opération de nature à les faire changer de propriétaire qui est pointé par la justice. Quelles seraient les conséquences de cette opération, notamment sur le plan social ? Des suppressions d’emplois pourraient-elles intervenir ? Comment répondre à la réglementation sur la concurrence qui imposera à Veolia de revendre une partie des activités de Suez en cas de rachat, de manière à éviter, notamment en France, d’exercer une position dominante et donc de peser sur le prix de l’eau ? Autant de questions pour lesquelles les salariés de Suez attendent des réponses. La cour d’appel a en effet estimé qu’à partir du moment où Veolia a déjà acheté 30 % du capital de Suez, il ne va pas en rester là. «Il ressort de l’ensemble de ces éléments, sans que Veolia ne puisse les contester sérieusement, que cette prise de participation est indissociable de l’opération en cours visant à terme l’acquisition de l’ensemble des actions de Suez, préalable nécessaire à la réalisation d’une opération industrielle d’ampleur», écrivent les juges de la cour d’appel. Plutôt satisfait de ce jugement, Franck Reinhold Von Essen, secrétaire du comité d’entreprise européen du groupe Suez, attend désormais un échange avec le PDG de Veolia : «Nous allons lui demander de venir s’exprimer devant nos instances, comme il s’y est engagé.» «Il le fera s’il est officiellement invité par Suez», répond Veolia à Libé.
En attendant, Suez peut considérer qu’il a gagné un délai supplémentaire pour tenter d’organiser une contre-offre à la proposition de rachat par Veolia. Deux fonds semblent sur les rangs pour jouer les «chevaliers blancs». Le premier, Ardian, a été approché depuis plusieurs semaines mais semblait avoir jeté l’éponge face à Veolia. Il pourrait revenir dans la course. L’autre investisseur pressenti est Antin Gestion, qui a déjà à son actif des prises de participation dans des métiers voisins de celui de Suez.
L’un comme l’autre devront avoir la capacité de rassembler rapidement 10 milliards d’euros s’ils veulent peser face à l’offre de Veolia, déjà prêt à offrir 18 euros par action à chaque actionnaire désireux de lui vendre ses titres.