La Chine sort ses griefs face à l’Australie
La guerre des mots entre Pékin et Canberra a atteint un nouveau sommet jeudi. Lors d’une interview, le Premier ministre australien, Scott Morrison, a opposé une fin de non-recevoir aux plaintes formulées par Pékin depuis deux jours : «L’Australie sera toujours elle-même.» Depuis mardi, en effet, la Chine intensifie ses critiques contre l’Australie. Ce jour-là, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères égrène les «erreurs» de Canberra sur des «questions concernant les intérêts fondamentaux de la Chine, comme Hongkong, le Xinjiang et Taiwan», et évoque ses actions au Conseil des droits de l’homme et son soutien à l’entrée de Taiwan dans l’OMS. Le même jour, selon le Sydney Morning Herald, un fonctionnaire du gouvernement chinois se fait menaçant avec un journaliste à Canberra : «Si vous faites de la Chine l’ennemie, la Chine sera l’ennemie.» Puis l’ambassade remet à trois médias un document listant 14 griefs qui semble destiné à faire pression sur le gouvernement Morrison. Le texte dénonce tous azimuts la «croisade antichinoise», la «manipulation des opinions», la diffusion de fake news, la «politisation et la stigmatisation des échanges et de la coopération entre la Chine et l’Australie», notamment dans le domaine universitaire. Et l’action des élus australiens.
Pékin reproche notamment à Canberra de s’être aligné sur les Etats-Unis en demandant une enquête sur l’origine du Covid. Il fustige aussi l’action de l’Australie contre des entreprises chinoises et le fait d’être le premier pays à interdire Huawei et ZTE sur son réseau 5G. L’ambassade rappelle que plus de dix investissements chinois «ont été rejetés pour raisons de sécurité nationale infondées». Et que l’Australie est «le premier pays non côtier à faire un communiqué sur la mer de Chine méridionale», contentieux qui empoisonne les relations d’une dizaine de pays. La nouvelle passe d’armes intervient au lendemain d’un accord de défense entre Tokyo et CanLa berra qui prévoit des exercices et des opérations conjoints, au moment où Pékin renforce son hégémonie sur les mers de la région. Mercredi, c’est la Chine qui est critiquée pour son rôle à Hongkong par l’alliance Five Eyes (les ministres des Affaires étrangères de l’Australie, du Royaume-Uni, du Canada, de la Nouvelle-Zélande et des Etats-Unis). La réponse, jeudi, a eu le mérite de la clarté. Pékin a signifié à l’alliance qu’elle devrait faire attention à ne pas «se faire arracher les yeux» si elle osait porter atteinte à la souveraineté, à la sécurité ou aux intérêts de développement de la Chine.