Libération

Jeu «Assassin’s Creed : Valhalla», le pari drakkar

Le nouveau volet du blockbuste­r Ubisoft, installé dans l’Angleterre du IXe siècle, se révèle étonnammen­t bien écrit et peaufine une formule efficace.

- M.C.

Des parterres de fleurs sauvages mauves et blanches à un jet de pierre d’un prieuré en flammes, des étendues de landes grenat illuminées par un rayon qui perce la mer de nuages des Highlands, des pierres mangées par l’humus et la bruyère en forêt de Mercie. Ce nouvel Assassin’s Creed troque la douceur du bassin méditerran­éen de l’Antiquité pour la minéralité de l’Angleterre d’Alfred le Grand (IXe siècle), de la Norvège et d’autres territoire­s dont on laissera la surprise, illuminé tout du long par une flore sublime. Un juste retour des choses pour une franchise qui a sinon inventé du moins popularisé ce qu’on pourrait appeler le «gameplay fougères», en référence à ces hautes herbes dans lesquelles le joueur a appris à se tapir pour se dissimuler aux regards ennemis et qui ont proliféré dans les jeux vidéo ces dernières années. Passé un prologue nordique terne, Assassin’s Creed : Valhalla expose doucement ses qualités une fois la mer prise et une colonie installée sur cette île écartelée en divers royaumes reflétant les jeux d’influence des envahisseu­rs danois, saxons et bretons. En confiant au joueur la tâche de faire prospérer ce campement au gré de pillages, d’alliances et de trahisons, Valhalla se révèle étonnammen­t habile dans sa façon de chapitrer sa trame principale en récits courts et divers, faisant la part belle aux batailles brutales comme à l’exploratio­n (une fois l’écran nettoyé de ses milles indicateur­s). Fini le nettoyage compulsif de campements du précédent épisode. Toujours aussi époustoufl­ant dans sa façon de capturer un lieu et une époque jusque dans ses plus infimes détails, cet Assassin’s Creed peaufine une formule rodée, tout en exhumant quelques mécaniques laissées en plan ces dernières années –à commencer par les assassinat­s – et en s’offrant des ajouts anecdotiqu­es mais plaisants, comme ces joutes empruntant à la poésie scaldique, sorte de battle rap où il s’agit de chanter ses louanges tout en restant autour d’un thème et d’une métrique imposée. En cette fin d’année chargée pour Ubisoft qui, après quasiment douze mois sans sortie majeure, dégaine trois titres XXL, les attentes et idées préconçues sont contrariée­s. Le prometteur Watch Dogs : Legion s’effondre à mesure que se dégonfle son concept fort (la promesse d’interpréte­r n’importe quel personnage de son monde ouvert), tandis que ce Valhalla, que l’on pensait connaître avant d’y avoir joué, n’en finit pas de charmer au fil des heures englouties.

Assassin’s Creed Valhalla d’Ubisoft partout ou presque.

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