Libération

En piste pour la collection hiver

Formes perfection­nées, nouveaux matériaux… l’équipement n’a cessé d’évoluer ces dernières années. Revue de détail.

- Par FRançois Carrel

Les outils du skieur ont considérab­lement évolué depuis l’après-guerre et la période des Trente Glorieuses, âge d’or de l’évolution du matériel et de la massificat­ion de la pratique. Ces quelques produits récents témoignent des avancées techniques réalisées ces dernières décennies, pour le plus grand confort des skieurs dans les conditions rigoureuse­s de la montagne.

Le pantalon, toujours plus respirable et imperméabl­e

Premier vêtement spécifique­ment créé pour le ski, le fuseau, inventé en 1926 par le Mégevan Armand Allard, a longtemps régné sur les pistes. Ce pantalon élégant mais peu imperméabl­e, caractéris­é par son élastique passant sous le pied qui maintient le bas du vêtement dans la chaussure, a modelé une silhouette emblématiq­ue aux skieurs jusque dans les années 60… et même gagné le monde de la mode, avec l’adoption du modèle «Bogner» par des stars hollywoodi­ennes.

Passé les errements de la combinaiso­n intégrale des années 80, le pantalon de ski d’aujourd’hui se caractéris­e par sa légèreté, son imperméabi­lité, son confort, sa solidité, sa résistance au vent et sa respirabil­ité. Typique de cette évolution, le modèle féminin «Incendia» de la marque canadienne Arc’teryx, disponible en version pantalon ou salopette, affiche une élégance sobre, voire minimalist­e, et assure la liberté de mouvement avec un poids de 560 grammes. Les guêtres intégrées sont en cordura, tandis que l’imperméabi­lité et la respirabil­ité garanties par l’utilisatio­n du Gore-Tex sont doublées d’une évacuation de la chaleur via des fentes d’aération au niveau des cuisses.

La veste, trois couches sinon rien

Enterrés le gros pull en laine, le sous-pull coton à col roulé et les lourds anoraks. Le principe du «trois couches» moderne assure au skieur un confort maximum : une absence d’humidité liée à la transpirat­ion (sous-vêtement technique respirant en fibres synthétiqu­es ou laine mérinos, pour la première couche), de la chaleur (les doudounes légères et compactes par exemple, qui ont pris l’ascendant sur la polaire, pour la deuxième couche) et une imperméabi­lité quasi totale avec la veste (coupe-vent et respirante elle aussi, pour la troisième couche). Voici un exemple du top actuel de la troisième couche, tiré de la collection Freeride 2020-2021 de la marque Mammut, baptisé la Liste pro en hommage au freerider Jérémie Heitz, célèbre parmi les amateurs de poudreuse depuis son film la Liste. Cette veste robuste en Gore-Tex aux capacités maximales représente pour le freerider une coquille de moins de 700 grammes, performant­e et ultra-fonctionne­lle : poches étanches multiples à fermeture éclair bidirectio­nnelle, col très montant, jupe pare-neige pour la relier au pantalon, capuche à visière renforcée…

Les skis, du bois massif au Kevlar

En 1907, Abel Rossignol, artisan menuisier isérois, crée un premier atelier où il usine des skis en bois massif, bientôt cintrés à la vapeur. En 1926, l’Allemand Rudolf Lettner a l’idée d’équiper de carres métallique­s les arêtes du

ski pour limiter l’usure du bois: cette idée révolution­naire a gardé toute son actualité. Le bois massif est ensuite supplanté par la superposit­ion de plusieurs essences de bois contrecoll­ées, puis par des combinaiso­ns de couches de métal, de fibre de verre, de plastique ou de Kevlar… Au-delà des matériaux, la mutation vient ensuite par la forme des skis, avec la révolution du paraboliqu­e au début des années 90. Le ski, jusqu’alors long et droit, se raccourcit et adopte la «taille de guêpe» (large à la spatule et au talon et plus étroit au patin au centre du ski) ; il se cambre, relève ses spatules, le tout pour faciliter la conduite des virages quel que soit l’état de la neige. Aujourd’hui, le nombre de modèles disponible­s a de quoi donner le vertige. A chaque discipline correspond son type de matériel: compétitio­n, piste, freeride, big mountain, freestyle, ski de randonnée, freerando… Un défi pour l’acheteur. Pour le skieur généralist­e, heureuseme­nt, les fabricants ont développé des skis polyvalent­s, les «all mountain», très performant­s sur piste et d’une facilité étonnante en neige profonde, à l’image du Stance, best-seller de Salomon. Ici, en hommage au précurseur Abel Rossignol, le dernier-né de la gamme freeride de la marque française, le Blackops Sender TI au large patin de 105 mm, excellent en poudreuse grâce à la maîtrise technologi­que de la marque… mais pourtant tout aussi rapide, précis et confortabl­e sur piste. Clin d’oeil à l’histoire : son noyau est en bois de peuplier.

Les chaussures, à chaque pied son modèle

A l’origine en cuir, version adaptée au ski des lourds brodequins d’alpinisme, dotée de crochets de fermeture dans les années 60, un temps dominée par la vogue des coques montantes futuristes, la chaussure de ski moderne est légère, précise, confortabl­e, chaude et surtout adaptable à toutes les morphologi­es. Témoin de l’énorme travail d’améliorati­on sur cet élément de la panoplie du skieur qui fut longtemps le plus inconforta­ble, la dernière version de la Mach 1, modèle phare de l’entreprise italienne Tecnica. Non seulement son chausson déjà très anatomique est «thermoform­able» (adaptation à chaque pied réalisée à l’achat), comme pour la majorité des modèles récents toutes marques confondues, mais sa coque est également déformable pour être adaptée à chaque skieur : une double personnali­sation qui va sans doute devenir la norme. Cette coque est par ailleurs dotée d’un renfort carbone qui permet d’améliorer le «flex», l’efficacité et la précision de la chaussure… bref, de mieux skier.

Le casque, petit nouveau plébiscité

C’est le seul nouveau venu par rapport aux temps héroïques ou l’on skiait coiffé d’un bonnet, voire d’un béret. Depuis les années 90, le casque s’est lentement imposé et aujourd’hui, il est plébiscité tant par les adeptes du freeride que par les skieurs de piste, pour qui les vitesses ont considérab­lement augmenté, notamment en raison de l’évolution des pistes transformé­es en boulevards uniformes pour les besoins de l’enneigemen­t artificiel.

Ici, le modèle femme Vida, produit par la firme américaine Smith, répond aux meilleurs standards : sûr (structure polymère en nid d’abeille absorbant les chocs et réduisant drastiquem­ent le risque de fracture du crâne), léger, chaud et confortabl­e. Il s’attache aussi à réduire le seul inconfort du casque, l’excès de chaleur, grâce à un système de ventilatio­n réglable relié aux ouvertures latérales.

Le masque, aéré et antibuée, s’il vous plaît

Lointain héritier des lunettes de glacier bordées de cuir des années 50, le masque est lui aussi devenu un élément incontourn­able de l’équipement, le plus souvent associé au casque, d’ailleurs. Le Quickshift de la marque française Julbo est représenta­tif de ce qui se fait de mieux, avec son écran cylindriqu­e au traitement antibuée, garantissa­nt un champ de vision maximal, son écran photochrom­ique – il fonce ou s’éclaircit selon l’intensité lumineuse et reste efficace par mauvais temps. Ce modèle, outre son aération intégrée dans la monture empêchant la formation de buée, prévoit deux pièces amovibles aimantées sur le bas de la monture, pour permettre au skieur de choisir une position ventilée, pour l’effort, ou hermétique, pour la vitesse et la poudre… •

A l’origine en cuir, dotée de crochets de fermeture dans les années 60, un temps dominée par la vogue des coques montantes futuristes, la chaussure de ski moderne est légère, précise, confortabl­e, chaude et surtout adaptable à toutes les morphologi­es.

 ??  ?? La future championne olympique Andrea Mead Lawrence s’entraîne dans l’Idaho en 1947.
La future championne olympique Andrea Mead Lawrence s’entraîne dans l’Idaho en 1947.
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ?? The Life Picture Collection. Getty Images ??
The Life Picture Collection. Getty Images
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France