Libération

Trois activités en marge du ski

- Par Didier Arnaud

Enfourcher un fatbike pour dévaler les pistes, explorer glaciers et grottes grâce au canyoning, passer la nuit emmitouflé dans un igloo… Libération vous propose trois activités qui changent du slalom.

Fatbike : en roue libre sur les pistes

Ils sortent généraleme­nt le soir quand la nuit tombe, mais on peut aussi les croiser à l’aube… Les fatbikes, littéralem­ent «gros vélos» (le nom passe mieux en anglais), ou VPS (vélos à pneus surdimensi­onnés), se sont imposés depuis quelques années dans les stations avec leurs grands pneus et leurs jantes épaisses. Ainsi, cela fait six ans que Simon Masi, 36 ans, moniteur de VTT à la Plagne (Savoie), propose à des groupes de six ou sept personnes de monter puis de dévaler les pistes de ski (1). Il travaille dans le cadre de la société Elpro, fondée par l’ancien champion de ski Eric Laboureix (34 victoires en ski acrobatiqu­e en Coupe du monde).

«On a commencé avec des fatbikes classiques, puis il y a trois ans, nous sommes passés sur des électrique­s, raconte Simon Masi. On est à 2 000 mètres d’altitude, donc il est difficile de pédaler avec un vélo classique, on ne faisait que de la descente. L’électrique nous évite de perdre du temps avec une logistique navette. L’activité se pratique à la fermeture des pistes, de nuit, avec bien entendu de l’éclairage sur les vélos. On suit un parcours qui passe au coeur du domaine de la Plagne, et qui dure entre une heure et demie et deux heures. Il permet de faire voir aux bikers le domaine skiable sous un autre angle.»

Difficile, le fatbike ? «Il faut savoir faire du vélo, mais grâce à l’assistance électrique, on arrive à faire partir presque tout le monde. Ce n’est pas de la glisse, on est dépendant des conditions de neige. Plus c’est mou, plus on a tendance à s’enfoncer. Il est préférable d’avoir un “fond dur” et que la neige soit bien tassée. On cherche surtout l’adhérence, pas la glisse. Le maître mot de cette spécialité, c’est la douceur. Tenir son guidon avec souplesse, se montrer progressif quand on utilise les freins. Lorsqu’on est brusque, on perd le contrôle de la trajectoir­e…»

Le fatbike constitue une activité encadrée, et il le faut, car la présence des dameuses matinales qui travaillen­t avec de longs câbles peut être assez dangereuse. Spécialisé dans le trial en VTT, Simon Masi propose également des shows de fatbike. Outre son activité de moniteur vélo, il exerce le métier de pisteur secouriste à la Plagne. L’ouverture de la station est prévue le 12 décembre, si le déconfinem­ent le permet, «avec des mesures d’hygiène très strictes, et port du masque durant le briefing».

Canyoning hivernal : l’âge de glace

Gilles Leroy a plus de vingt ans d’expérience dans le secours en montagne et aquatique, avec des expédition­s dans le monde entier. Il s’est lancé dans le canyoning avec son entreprise Latitude canyon, fondée en 2015, parce qu’il voulait «faire partager sa passion pour la montagne et faire mieux connaître ces endroits isolés» (2). Un peu aussi parce qu’il s’est retrouvé «dans des opérations de secours nocturnes dans des endroits enneigés, avec des personnes qui ont fini à la rivière». Le canyoning d’hiver part, comme celui d’été, du sommet de la montagne. Depuis la source des glaciers, on suit donc les torrents en passant par tous les endroits où se faufile l’eau – grottes, gorges, goulots et autres «étroitures». On évolue à pied, casqué, protégé par une combinaiso­n rembourrée et lorsque des obstacles verticaux se présentent, on descend en rappel avec une corde. En France, on utilise le mot «canyonisme», adopté par l’Académie française en 2012, mais le terme anglais de «canyoning» reste largement utilisé.

En Haute-Savoie, Gilles Leroy travaille sur le massif du Haut-Giffre, dans le cirque du Fer-à-Cheval ou du côté du vallon de Sales. Le canyoning hivernal, qui se pratique à la source des glaciers, vise surtout un objectif pédagogiqu­e. «On ne fait pas de sauts ni de toboggan, explique Gilles Leroy, il s’agit surtout d’expliquer aux gens le cycle de l’eau sur la planète, d’évaluer les disparités, d’apprendre à connaître cette ressource à partir d’un glacier.» Et de poursuivre : «Bien entendu, il y a une partie sportive, on est dans un endroit magnifique, le paysage est totalement blanc. On ne le trouve pas quand on fait de la rando, car c’est souvent trop raide pour y aller. On évolue dans un environnem­ent vertical, avec des cascades de glace, et cela peut rapidement être assez technique.» Son entreprise propose deux formules : une «découverte», dédiée aux néophytes avec une à deux heures de descente, et une «sportive» qui compte entre trois et six heures de descente. «Il faut des gens qui peuvent marcher sans s’arrêter pendant deux à trois heures», explique le secouriste. Capables de gérer le froid, le stress et les passages souterrain­s. «On est dans un environnem­ent plus impression­nant que lorsque l’on est au soleil.»

Insolite : aglagla dans l’igloo

Passer une nuit dans un igloo, à 1 700 mètres d’altitude par 0 °C, confortabl­ement emmitouflé dans un duvet… A Gourette, dans les Hautes-Pyrénées, au sommet de la télécabine du Bézou, après une sortie en raquettes, un bain nordique et un solide dîner – on vous suggère garbure, confit de canard, tomme de brebis, jurançon et madiran –, vous voilà seul face aux étoiles. «C’est un moment rigolo à passer dans la neige. Les igloos sont déjà construits quand les hôtes arrivent, on dispose d’une cabane utilisée par un berger l’été, avec toilettes et douches», explique David Bordes, accompagna­teur en montagne, conteur, et responsabl­e avec son collègue Pierre Vidal de l’Aventure nordique (3).

Tapis de sol obligatoir­e, couverture de survie, «le problème n’est pas tant le froid que l’humidité», explique David Bordes. Il décrit l’activité igloo «comme un carrefour de l’insolite un peu rude et le côté cocon, le tout dans une ambiance montagne un peu posée. On veille à ce que les gens aient un peu leur moment tranquille, puissent se ressourcer, quand tout est à 400 à l’heure toute l’année. Souffler, se retrouver, découvrir un environnem­ent…» L’accompagna­teur sourit et poursuit : «On a de la chance d’avoir des vallées où il y a encore des bergers, où tout n’est pas artificial­isé. Pendant la sortie raquettes, il n’est pas rare qu’un conte ou deux s’échappent.»

«A partir de 6 h 30, le poêle est allumé dans la cabane où se trouve quelqu’un en permanence. On a été bien accompagné par la mairie et la station, on correspond aussi à cette réflexion du développem­ent quatre saisons», développe David Bordes. Les deux responsabl­es de l’Aventure nordique sont originaire­s de Lys et de Laruns, deux villages tout proches. «On a envie de vivre ici. Pour pouvoir rester, il faut travailler. C’était la possibilit­é de monter un projet plus important, on s’éclate à être avec les gens. Ici, nous bénéficion­s d’un paysage incroyable, d’une faune et d’un terrain de jeu qui vont bien», conclut David Bordes. •

Depuis la source des glaciers, on suit

les torrents en passant par tous les endroits où se faufile l’eau.

(1) 69 euros la sortie.

Rens. : www.elpro.fr/outdoor/e-fat-bike

(2) 50 euros pour la sortie découverte, 75 euros pour le tarif sportif.

Rens. : www.latitudeca­nyon.fr

(3) 115 euros (rando raquettes, repas et nuit en igloo), 95 pour les enfants. Rens. : www. laventuren­ordique.fr/nuit-igloo

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Photos Getty Images Canyoning sur une cascade de glace.
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Dans l’igloo, le tapis de sol est obligatoir­e.
 ??  ?? Le fatbike peut être électrique ou non.
Le fatbike peut être électrique ou non.

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