Le géant Danone dégraisse pour faire plus de beurre
Le communiqué publié lundi matin par Danone portait un titre plein de promesses environnementales: «Redonner la priorité au local». Mais sa décision la plus significative était moins enchanteresse : le groupe d’agroalimentaire français a annoncé vouloir supprimer 1 500 à 2 000 emplois dans le monde, dont environ 400 en France. Alors qu’elle était divisée par grandes catégories de produits, la direction opérationnelle de Danone est réaffectée en six zones géographiques. Conséquence immédiate : les «sièges mondiaux et locaux», qui réunissaient des métiers pour plusieurs zones, vont perdre en puissance. Ce sont eux qui vont supporter les coupes d’effectifs. En France, les sites de Paris et de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine) vont se rapprocher.
Le PDG du groupe, Emmanuel Faber, estime que son «plan d’adaptation» va générer une économie récurrente de 1 milliard d’euros d’ici à 2023. La diminution du nombre d’employés contribuera à ce chiffre à hauteur de 700 millions d’euros. Ces gains «serviront d’une part à investir dans la croissance, en soutien de nos marques, mais également à renforcer nos marges», lance Faber.L’objectif principal est clairement énoncé : faire repasser la marge opérationnelle courante au-dessus de 15 % dès 2022, contre 14 % cette année, et la rapprocher de 20 % à «moyen terme».
Une telle stratégie a tout pour plaire aux actionnaires de Danone, dont le cours de Bourse n’est pas revenu au niveau auquel il était avant le Covid-19. Pourtant, le groupe français, qui compte 100 000 salariés, n’a pas trop souffert de la crise, l’agroalimentaire étant un secteur relativement épargné par les restrictions sanitaires. Il n’a d’ailleurs pas annulé le paiement, mi-juillet, d’un dividende de 2,10 euros par action, en hausse de 8% sur un an. Soit un décaissement de plus de 1,4 milliard d’euros... Sur les neuf premiers mois de l’année, son chiffre d’affaires est ressorti à 18 milliards d’euros, en baisse de 1,6 % seulement sur un an, à données comparables. Ses ventes de produits laitiers ont même progressé. La baisse globale s’explique par le plongeon de ses ventes d’eaux, à cause de la fermeture des bars et restaurants.