Tove Jansson La fille du sculpteur Traduit du suédois par Catherine Renaud. la Peuplade, 176 pp., 18 €.
Le singe Poppolino a mangé l’enfant Jésus de la crèche, en mer les hareldes boréales font un boucan incroyable, un iceberg rendu «insupportablement beau» – une lampe torche allumée a été jetée dans une de ses cavités – glisse dans une baie où l’attend la jeune narratrice, dans le ciel d’Helsinski des habitants volent, une chauvesouris pique un somme accrochée au père, bien à l’abri sous son manteau… dans ce roman inspiré de sa propre jeunesse, la créatrice des Moumines – cette famille de trolls rondouillards nés en Finlande et devenus iconiques jusqu’au Japon – restitue cet état d’enfance où l’imaginaire refonde tout à sa guise. La mère, une dessinatrice, est le portrait craché de Maman Moumine, personnage extrêmement rassurant qui balaie toutes les peurs en transformant en jeu ce qui inquiète l’enfant. Même les récits de catastrophes bibliques lus le soir n’effraient plus. Le père est sculpteur, et ses femmes de marbre se déplacent doucement «dans la lumière du feu».