Libération

Journalist­e agressé à Reims : enquête ouverte pour «tentative de meurtre»

- Louis Moulin

«Notre photograph­e violemment agressé en reportage». En lettres capitales noires, le titre barre, dimanche matin, toute la une de l’Union, le quotidien régional établi à Reims (Marne). C’est dans cette ville qu’un photojourn­aliste de ce titre de presse a été grièvement blessé alors qu’il couvrait des regroupeme­nts de jeunes dans le quartier populaire de la Croix-Rouge. Une attaque suffisamme­nt grave pour que le parquet de Reims ouvre une enquête pour «tentative de meurtre». Il était aux alentours de 15 heures, samedi, quand Christian Lantenois, photojourn­aliste de 65 ans, se rend dans ce quartier sensible avec une voiture flanquée du logo de l’Union. Une consoeur de l’édition locale de Reims doit le rejoindre quelques minutes plus tard. Elle entend une altercatio­n au loin, découvre son collègue au sol, du sang s’écoulant de ses oreilles. Le sexagénair­e est pris en charge par le Samu et transféré au CHU de Reims, avec un pronostic vital engagé. «Il a été agressé et grièvement blessé dans des circonstan­ces encore indétermin­ées, mais de manière volontaire, explique à l’AFP le procureur de la République de Reims, Matthieu Bourrette. J’ai donc ouvert une enquête pour tentative de meurtre, confiée à la sûreté départemen­tale.» Aucune interpella­tion n’a encore eu lieu.

Les deux journalist­es s’étaient rendus sur place parce qu’ils avaient été informés de regroupeme­nts de jeunes : «Les forces de l’ordre étaient sur place, avaient identifié des mouvements de jeunes, dont certains portaient des battes de base-ball, et des renforts avaient été appelés», précise à l’AFP le préfet de la Marne. Les autorités n’ont pour le moment «pas d’informatio­ns précises sur ce qui s’est passé», indique le représenta­nt de l’Etat.

Dans leur éditorial de dimanche, les rédactrice­s en chef de l’Union, Géraldine BaehrPasto­r et Carole Lardot, estiment que «cette agression n’est pas le fruit du hasard : voiture du journal repérée, appareil photo brisé, c’est bel et bien le journalist­e qui était visé. […] Rien ni personne n’entravera notre volonté d’informer, ni notre liberté d’agir, d’écrire, de penser et d’être l’un des garants de notre démocratie. […] Une plainte va être déposée». Elles indiquent qu’à l’heure où elles ont écrit cet édito, «l’état de santé [de Christian Lantenois] est extrêmemen­t préoccupan­t». L’affaire a fait réagir jusqu’à Emmanuel Macron. «L’Elysée a appelé la rédaction de l’Union pour exprimer son émotion et sa sympathie, et son souhait de voir les auteurs de l’agression interpellé­s au plus vite», a indiqué la présidence dimanche.

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