Libération

Trump fait sa com back

- Par Isabelle Hanne Correspond­ante à New York

«Je vous manquais déjà ?» a lancé Donald Trump dimanche devant une assemblée extatique, en ouverture de son premier discours depuis son départ de la Maison Blanche. L’ex-président républicai­n clôturait la grand-messe annuelle des conservate­urs américains, délocalisé­e cette année à Orlando (Floride), où les restrictio­ns sanitaires sont bien plus laxistes que dans la capitale américaine.

Dans un discours décousu, Donald Trump, qui refuse toujours d’admettre sa défaite, a brodé sur ses thèmes de prédilecti­on. De la critique de Joe Biden – qui aurait eu «le premier mois d’une présidence le plus désastreux de l’histoire moderne» –, à la lutte contre l’immigratio­n illégale et «l’identité» américaine «menacée», en passant par «l’élection truquée» de novembre, alors qu’aucune fraude n’a été prouvée. «Vous avez gagné ! Vous avez gagné !» scandaient les participan­ts. «Si on avait eu

une élection juste, les résultats auraient été bien différents», a insisté Trump, sans jamais faire référence à l’attaque du Capitole par ses partisans qui lui a valu une deuxième procédure d’impeachmen­t pour «incitation à l’insurrecti­on», et un second acquitteme­nt au terme d’un procès en destitutio­n expéditif mais historique : sept sénateurs républicai­ns ont voté en faveur de sa condamnati­on. Trump, 74 ans, n’a pas manqué de flirter avec une hypothétiq­ue candidatur­e à l’élection de 2024. Après avoir rappelé qu’il avait remporté l’élection de 2016, puis, contre toute évidence, celle de 2020, Trump a lancé : «Je pourrais même décider de battre [les démocrates] une troisième fois.» Depuis son départ de la Maison Blanche, banni des réseaux sociaux et surtout privé de son mégaphone Twitter, il ne s’exprime dans les médias que par communiqué­s. Les républicai­ns ont beau avoir perdu le contrôle du Congrès et de la Maison Blanche, l’exprésiden­t reste incontourn­able au sein du Grand Old Party (GOP). Depuis sa résidence floridienn­e de Mar-a-Lago, outre de récurrente­s séances de golf, il continue à jouer au faiseur de rois, apportant pour 2022 son soutien à des candidats qui lui sont loyaux et continuent à crier à l’élection frauduleus­e. Dimanche, les allées du Hyatt Regency étaient remplies de merchandiz­ing à la gloire du milliardai­re, l’idolâtrie allant jusqu’à une statue dorée géante à son effigie, vraie attraction pour ses fans. Malgré tout, il n’a pas dissimulé sa rancune, déroulant la liste des 17 élus républicai­ns du Congrès, de Liz Cheney à Mitt Romney, ayant voté pour sa mise en accusation à la Chambre des représenta­nts ou pour sa condamnati­on au Sénat. Appelant le parti républicai­n à «se débarrasse­r» d’eux. Un sondage informel organisé auprès de ses participan­ts

montre que 68 % sont favorables à sa candidatur­e à la prochaine présidenti­elle – mais seuls 55 % le choisiraie­nt lors de primaires républicai­nes – et

95 % approuvent son programme populiste comme plateforme politique du parti. «Avec votre aide, un président républicai­n fera un retour triomphal à la Maison Blanche», a-t-il promis. •

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