Callisto Mc Nulty: «A Madrid, j’ai la chance de pouvoir développer des projets en suivant un élan»
La réalisatrice nous présente ses deux projets espagnols, sur la dernière léproserie d’Europe et sur deux soeurs ayant passé leur vie ensemble.
Callisto Mc Nulty, qui retraçait en 2019 l’histoire militante de Delphine Seyrig et Carole Roussopoulos dans Delphine et Carole, insoumuses, nous parle depuis la Casa de Velázquez de ses projets contrariés par le Covid, et de ceux qu’elle fait malgré tout tenir debout.
«Plusieurs projets en France ont malheureusement été annulés… Delphine et Carole, insoumuses était censé sortir en décembre, au moment où il devait être possible pour les cinémas de rouvrir.
Avec l’autrice Emilie Notéris, nous préparions aussi une performance au Palais de Tokyo, en regard de l’exposition “Anticorps”, où l’on devait exercer un droit de réponse à l’actualité à travers la lecture d’un texte et la projection d’un montage vidéo… Tout est mis en stand-by.
Mais je me sens très chanceuse d’avoir été sélectionnée pour une année de résidence artistique à Madrid, au moment où la situation est aussi dure et sinistre en France. Ici, le contexte est différent, les musées, les cafés, les cinémas sont ouverts depuis septembre – plutôt pour des raisons économiques car le gouvernement madrilène est de droite, mais la vie culturelle et sociale continue. J’ai la chance d’être dans un cadre qui permet de développer des projets en suivant un élan, sans avoir à écrire une pile de dossiers pour pouvoir commencer à filmer. L’un est un documentaire sur la dernière léproserie en activité d’Europe, une colonie de 70 hectares, où se trouvait notamment le seul cinéma de la région de Vall de Laguar en Espagne, et autour de laquelle les villages voisins ont fait construire une gigantesque muraille pour apaiser les craintes de contagion… Le deuxième porte sur Carmen et Conchita, deux soeurs madrilènes âgées qui ont toujours vécu ensemble et se sont constituées comme seule famille. Ce qui est sûr, c’est que les idées viennent toujours à l’issue de rencontres, de discussions, de visionnages de films, d’expositions… S’isoler de l’extérieur est empêchant pour la création, il faut se sentir bien et dans le monde.»