«Techniquement, cela va être très compliqué à organiser»
Pour le maire (LR) de Reims, Arnaud Robinet, le manque d’assesseurs comme la situation sanitaire plaident pour un report des élections.
Arebours des déclarations de l’Association des maires de France, le maire (LR) de Reims, Arnaud Robinet, salue la décision de consulter les édiles sur le maintien ou non des élections régionales et départementales. Pour lui, organiser les scrutins en juin serait très difficile.
Pensez-vous être en capacité d’organiser des élections en juin ? Non. Techniquement, cela risque d’être très compliqué si on se réfère aux préconisations du Conseil scientifique, tant d’un point de vue matériel qu’humain. J’ai demandé à mes services de prévoir les besoins en assesseurs : il nous faut trouver 541 volontaires, ça va être impossible. A chaque scrutin, c’est déjà de plus en plus difficile d’en trouver. Les partis donnent des leçons dans les médias mais sont incapables d’en fournir par eux-mêmes. Alors, en juin… Nous serons, a priori, en plein déconfinement. Les gens auront d’autres envies que de passer deux journées entières dans un bureau de vote.
C’est seulement un problème d’assesseurs ? Pas seulement. C’est aussi un problème sanitaire. Je suis assez critique de la stratégie du gouvernement en matière de vaccination. Il y a la communication mais aussi la réalité : il n’y a pas assez de vaccins dans nos territoires. Et je ne suis pas sûr qu’il y en ait suffisamment en juin. Autre problème, de taille : personne ne me parle de ces élections. Le seul sujet de conversation que j’ai avec mes administrés c’est : quand sort-on de cette crise ? Pour faire une élection, il faut faire une campagne. Or, sans meeting, sans réunion publique, sans porte-à-porte et en limitant les contacts au maximum, je ne vois pas comment faire. D’autant plus si nos concitoyens ont la tête ailleurs. J’ai un peu de mal avec le fait de dire que si on repousse les élections, la démocratie sera mise à mal. Je suis pour organiser la démocratie le plus rapidement possible, mais dans de bonnes conditions.
Pensez-vous que la majorité des maires fasse le même constat que vous ?
A Reims, j’ai demandé à ma majorité ce qu’elle en pensait. A 97 %, les conseillers municipaux m’ont répondu qu’il fallait repousser les élections. Pareil pour les maires du conseil communautaire, qui sont majoritairement pour le report. Les communes rurales me disent que ça leur semble trop compliqué. Par exemple, le Conseil scientifique préconise de tenir des bureaux de vote en extérieur. Ce n’est pas si simple. Et puis, il y a la peur sanitaire et surtout la volonté de ne pas retomber dans le psychodrame des municipales, où le taux d’abstention avait été très élevé.
Que pensez-vous de la consultation auprès des maires organisée par le gouvernement ?
Elle ne me choque pas. Sur la forme, bien sûr, en un week-end, cela fait un peu consultation au pied levé. J’aurais bien aimé que le gouvernement consulte aussi les maires sur les stratégies vaccinales et sanitaires. En tout cas, cela montre que si on veut consulter les maires, on le peut sans problème. Après, je suis persuadé que si l’Association des maires de France (AMF) avait fait son job, elle aurait eu les moyens techniques de consulter elle-même ses maires. Mais cette association est plus dans une posture d’opposition politique, aujourd’hui, que dans la volonté de travailler pour l’intérêt des territoires. Nous sommes plusieurs à le penser. Elle a décrété d’une seule voix qu’il fallait maintenir les élections mais je suis persuadé que la consultation sera à l’inverse de ce que dit l’AMF.
Le problème, c’est que chacun dira que l’autre a des arrièrepensées politiques derrière la tête…
Oui, quelle que soit la décision prise, la moitié des gens diront toujours qu’on bâillonne la démocratie. Donc, in fine, j’espère que le gouvernement fera un vrai choix politique et non politicien. J’espère que cette consultation ne sera pas vaine et qu’elle sera rendue publique. Cela évitera les soupçons.