Libération

Déconfinem­ent : l’Elysée vise un mois de mai allégé

Alors que la situation sanitaire reste «très tendue», le gouverneme­nt maintient le cap fixé par le chef de l’Etat en mars. Et mise sur l’accélérati­on de la vaccinatio­n et une baisse des contaminat­ions.

- Par Victor Boiteau

Un plan sans accroc ? Pour un président «maître des horloges», le calendrier a son importance. «Pas de changement de calendrier dans ce qui a été annoncé par le président de la République», a ainsi affirmé le porte-parole du gouverneme­nt, Gabriel Attal, mercredi à la sortie du Conseil des ministres. Le mois de mai rimera donc avec déconfinem­ent. «Levée des mesures de freinage», souffle-t-on dans les ministères. Qu’importe le vocabulair­e: le «bout du tunnel» élyséen approche.

Critique.

Comme l’avait annoncé Emmanuel Macron fin mars, les crèches et les écoles rouvriront donc le 26 avril, suivies par les collèges et les lycées le 3 mai. La règle des 10 kilomètres autour de son domicile pour les déplacemen­ts prendra fin à la même date. Les terrasses de «certains restaurant­s» et «certains lieux de culture» pourront également rouvrir «à partir de la mi-mai», a confirmé Gabriel Attal. Concernant les commerces dits non essentiels, certaines sources évoquent des réouvertur­es, avec jauge réduite, le 3 mai, d’autres la mi-mai. Aucun changement de pied dans le calendrier donc, malgré une situation sanitaire encore «très tendue». Une corde raide sur laquelle le gouverneme­nt marche prudemment. Pas question de donner de faux espoirs. En novembre, le Premier ministre, Jean Castex, avertissai­t : «Nous devons éviter un “stop and go” qui serait épuisant pour le pays», ce qui n’a pas empêché la mise en place de nouvelles mesures restrictiv­es, fin mars.

L’exécutif le sait : après plus d’un an d’une crise sanitaire éprouvante, un quatrième confinemen­t ferait bouillir la marmite encore un peu plus. Dangereux, alors que la présidenti­elle approche à grands pas et que l’image présidenti­elle est directemen­t liée à la crise sanitaire. Fixer un cap donc, malgré les incertitud­es. «On doit dire où on embarque les gens, donner une trajectoir­e, de l’espoir, approuve la députée LREM Aurore Bergé. Et dire que les efforts consentis ne l’ont pas été pour rien.» Reste que la situation sanitaire demeure critique. «Nous pourrions être au pic ou proche de l’être, a estimé mercredi le porte-parole du gouverneme­nt. Nous sommes encore très loin d’un retour à une activité médicale normale.» Mardi, la France comptait encore près de 6000 personnes en réanimatio­n. Un «plateau haut», alertent les épidémiolo­gistes, dont certains s’inquiètent d’un relâchemen­t prématuré des mesures. «Nous amorçons une décroissan­ce de l’épidémie», avançait de son côté le ministre de la Santé, Olivier Véran, lundi, dans le Télégramme, reconnaiss­ant toutefois une situation «fragile». Le nombre de contaminat­ions quotidienn­es est passé de 40 000 à 33 000 ces derniers jours : le gouverneme­nt table sur 20 000 d’ici un mois. Un indicateur biaisé tant il dépend du nombre de tests effectués. Or celui-ci est fortement à la baisse depuis début avril.

Surtout, l’exécutif s’appuie sur la campagne de vaccinatio­n, qui «s’accélère», comme l’a indiqué le chef de l’Etat, mardi soir, au cours d’une réunion «vaccins» à l’Elysée. Près de 18 millions de doses ont déjà été administré­es,«un majeur sur quatre est vacciné, et la moitié des plus de 65 ans», a rappelé Gabriel Attal. Malgré la défiance autour du vaccin AstraZenec­a, et les inconnues concernant d’éventuels retards de livraisons, les objectifs sont maintenus : 20 millions de personnes vaccinées au mois de mai, 30 millions en juin, et toute la population d’ici à la fin de l’été. «Grâce à la vaccinatio­n, la sortie de crise se dessine», avait ainsi affirmé Emmanuel Macron en mars.

«Cohérence».

Cette sortie de crise sera-t-elle différente selon les régions ? Olivier Véran s’est dit favorable à «une approche territoire par territoire». Une «option parmi d’autres», a temporisé le porte-parole du gouverneme­nt. Et le couvre-feu ? La mesure ne devrait pas être levée, bien qu’au sein du gouverneme­nt certains plaident pour son allégement (à 20 heures ou à 23 heures). Signe de l’attention portée à la sortie d’un troisième confinemen­t qui ne dit pas son nom, le retour, dès ce jeudi soir, de la traditionn­elle conférence de presse hebdomadai­re, à laquelle devraient participer Jean Castex, Olivier Véran et le ministre de l’Education, JeanMichel Blanquer.

L’occasion de préciser le calendrier, de faire le point sur la campagne de vaccinatio­n, les frontières et d’évoquer le retour à l’école. «Rien n’est pire que l’incertitud­e et l’impression d’une morosité sans fin», concédait déjà Emmanuel Macron au JDD en novembre. Et d’ajouter : «Il faut de la cohérence, de la clarté, un cap.» Le chef de l’Etat devrait de nouveau s’exprimer prochainem­ent devant les Français, pour «que chacun puisse se projeter avec plus de visibilité dans les mois qui viennent», comme il l’avait dit en mars. La lumière au bout du tunnel ? •

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Xose Bouzas. Hans Lucas Le porte-parole du gouverneme­nt, Gabriel Attal, mercredi.

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