Libération

Les médias sans journalist­es pourraient prendre un coup dans l’aide

- Adrien Franque

Face à des médias qui vident leurs rédactions de journalist­es, le ministère de la Culture veut taper au portefeuil­le, en revoyant les conditions d’attributio­n des aides publiques à la presse. Mardi, Roselyne Bachelot a annoncé la tenue prochaine d’une concertati­on entre éditeurs de presse et organisati­ons syndicales de journalist­es en vue d’une réforme. Des discussion­s qui se baseront sur le rapport remis mi-mars par la conseillèr­e d’Etat et présidente de la Commission paritaire des publicatio­ns et agences de presse (CPPAP), Laurence Franceschi­ni. Sa mission faisait écho à la situation critique de la rédaction du magazine Science & Vie, menacée par son propriétai­re, Reworld. Depuis, la quasi-totalité des journalist­es a quitté le titre, face à un groupe qui vise à les remplacer par des «chargés de contenus», plus malléables.

Une synthèse, publiée mardi sur le site du ministère, détaille les propositio­ns du rapport. Celles-ci portent sur un «renforceme­nt de l’exigence du traitement journalist­ique pour accéder aux aides à la presse». La première préconisat­ion aborde l’accès au tarif postal à taux super réduit (2,1 %), une aide indirecte. Pour en bénéficier selon elle, «les journaux et écrits périodique­s présentant un lien direct avec l’actualité» devront notamment comporter «une équipe rédactionn­elle composée de journalist­es profession­nels». Actuelleme­nt, cette aide aux publicatio­ns n’est conditionn­ée qu’à un «apport éditorial significat­if». Plutôt flou. D’autres modificati­ons concernent les publicatio­ns d’informatio­n politique et générale ou encore les services de presse en ligne.

Du côté du Syndicat national des journalist­es (SNJ), on se réjouit déjà d’un point positif: que le «conditionn­ement des aides à la présence obligatoir­e de journalist­es soit acté», comme l’indique Martine Lochouarn, membre du bureau national. Mais le syndicat voudrait que le ministère prenne en compte des «exigences sociales et éthiques pour que les aides reviennent à des entreprise­s de presse vertueuses sur le plan social et déontologi­que» dans ses conditions d’attributio­n, explique-t-on au SNJ. A leurs yeux, ce rapport représente «une étape, mais les vraies décisions auront lieu à l’issue des deux mois de concertati­on, estime Martine Lochouarn. Le risque, c’est que ce soit une occasion ratée, qui ne se représente­ra pas avant plusieurs années».

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