Les médias sans journalistes pourraient prendre un coup dans l’aide
Face à des médias qui vident leurs rédactions de journalistes, le ministère de la Culture veut taper au portefeuille, en revoyant les conditions d’attribution des aides publiques à la presse. Mardi, Roselyne Bachelot a annoncé la tenue prochaine d’une concertation entre éditeurs de presse et organisations syndicales de journalistes en vue d’une réforme. Des discussions qui se baseront sur le rapport remis mi-mars par la conseillère d’Etat et présidente de la Commission paritaire des publications et agences de presse (CPPAP), Laurence Franceschini. Sa mission faisait écho à la situation critique de la rédaction du magazine Science & Vie, menacée par son propriétaire, Reworld. Depuis, la quasi-totalité des journalistes a quitté le titre, face à un groupe qui vise à les remplacer par des «chargés de contenus», plus malléables.
Une synthèse, publiée mardi sur le site du ministère, détaille les propositions du rapport. Celles-ci portent sur un «renforcement de l’exigence du traitement journalistique pour accéder aux aides à la presse». La première préconisation aborde l’accès au tarif postal à taux super réduit (2,1 %), une aide indirecte. Pour en bénéficier selon elle, «les journaux et écrits périodiques présentant un lien direct avec l’actualité» devront notamment comporter «une équipe rédactionnelle composée de journalistes professionnels». Actuellement, cette aide aux publications n’est conditionnée qu’à un «apport éditorial significatif». Plutôt flou. D’autres modifications concernent les publications d’information politique et générale ou encore les services de presse en ligne.
Du côté du Syndicat national des journalistes (SNJ), on se réjouit déjà d’un point positif: que le «conditionnement des aides à la présence obligatoire de journalistes soit acté», comme l’indique Martine Lochouarn, membre du bureau national. Mais le syndicat voudrait que le ministère prenne en compte des «exigences sociales et éthiques pour que les aides reviennent à des entreprises de presse vertueuses sur le plan social et déontologique» dans ses conditions d’attribution, explique-t-on au SNJ. A leurs yeux, ce rapport représente «une étape, mais les vraies décisions auront lieu à l’issue des deux mois de concertation, estime Martine Lochouarn. Le risque, c’est que ce soit une occasion ratée, qui ne se représentera pas avant plusieurs années».