Un site nucléaire israélien visé par la Syrie ?
Difficile de savoir si l’on est passé à côté d’un accident grave dans la nuit de mercredi à jeudi quand un missile, parti de Syrie, est tombé non loin de la centrale nucléaire israélienne de Dimona, dans le désert du Néguev. Ou s’il s’agit d’un dérapage moins contrôlé que d’habitude dans la guerre de l’ombre à laquelle se livrent l’Iran et Israël, à partir du territoire syrien. Les récits contradictoires et les déclarations menaçantes qui se sont succédé de la part des acteurs impliqués indiquent en tout cas que chacun cherche à brouiller, au moins, une partie de la vérité. Selon des témoins, des explosions ont été entendues, puis les sirènes des raids aériens ont retenti, autour du village d’Abou Krinat, situé à quelques kilomètres de Dimona, où se trouve le réacteur nucléaire israélien. Présentée comme une installation civile par Tel-Aviv, qui ne reconnaît pas officiellement posséder d’arsenal nucléaire, Dimona est connu comme la pièce maîtresse d’un programme d’armes nucléaires non déclaré. Selon un premier communiqué officiel de Tsahal, «un missile sol-air identifié comme provenant de la Syrie est tombé dans le Néguev. En représailles, l’armée israélienne a frappé la batterie depuis laquelle le missile a été lancé et d’autres batteries syriennes de missiles sol-air». En Israël, le tir n’aurait provoqué ni victimes ni dégâts.
La réaction syrienne est venue peu après, par l’agence officielle Sana, citant une source militaire: «L’armée israélienne a lancé des missiles depuis le plateau du Golan vers des positions dans les environs de Damas. Notre batterie de défense antiaérienne a intercepté des missiles et fait chuter la majorité d’entre eux dans cette agression qui a causé des blessures à quatre soldats et quelques dégâts matériels.» D’après l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), les frappes israéliennes ont détruit des batteries de défense antiaériennes à Dmeir, une ville située à 40 kilomètres au nord-est de la capitale syrienne, Damas, où seraient entreposées des armes appartenant à des milices pro-iraniennes. Un des soldats blessés serait mort, assure l’OSDH.
Les interrogations n’ont pas tardé à surgir sur un missile sol-air tiré du sud de Damas et tombé 300 kilomètres plus loin, dans le sud israélien. Car si la DCA syrienne tire régulièrement sur les chasseurs de Tsahal, lesquels mènent tout aussi habituellement depuis des années des raids contre des positions de milices pro-iraniennes en Syrie, elle provoque rarement des dégâts. Surtout, ses missiles n’ont jamais eu une telle portée ni poursuivi leur trajectoire si loin sans être intercepté. Le ministre israélien de la Défense, Benny Ganzt, a annoncé jeudi matin une enquête pour comprendre pourquoi la défense israélienne n’avait «pas réussi» à intercepter ce missile syrien.
L’épisode interpelle d’autant plus que selon l’agence Reuters, la défense aérienne aurait été récemment renforcée autour de Dimona et de la mer Rouge, face à la menace croissante de forces pro-iraniennes. Cette décision aurait été prise après l’opération de sabotage ayant visé le 11 avril le complexe nucléaire de Natanz, en Iran. Une attaque imputée à Israël par Téhéran.
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