Macron fragilisé sur son nouveau terrain sécuritaire
Tandis que Jean Castex et Gérald Darmanin se sont rendus sur place peu de temps après l’attaque, Marine Le Pen a embrayé sur la menace terroriste et le «laxisme» du gouvernement.
Déjà abrasive, la séquence «sécurité» ouverte lundi par le président de la République dans une interview au Figaro puis un déplacement dans les quartiers de Montpellier ne devrait pas se fermer de sitôt. L’assassinat au couteau, vendredi aprèsmidi, d’une agente administrative de 49 ans du commissariat de Rambouillet (Yvelines) par un homme de nationalité tunisienne alimente les critiques de la droite et l’extrême droite sur la politique d’Emmanuel Macron jugée trop «laxiste» en la matière malgré les nominations, en juillet 2020, de Gérald Darmanin, ancien porte-parole de Nicolas Sarkozy, à l’Intérieur et d’Eric Dupont-Moretti à la Justice.
Viry-Châtillon.
Cette nouvelle attaque contre une représentante des forces de l’ordre, moins d’une semaine après le verdict dans le procès de l’attaque aux cocktails Molotov d’agents à Viry-Châtillon (Essonne) en 2016, très mal reçu dans le monde policier, a rapidement fait réagir les responsables politiques, extrême droite en tête.
Les dirigeants du Rassemblement national (RN) ont condamné sur les réseaux sociaux une «nouvelle attaque terroriste» avant même la saisine du Parquet national antiterroriste. «Les mêmes horreurs se succèdent, la même infinie tristesse en pensant aux proches et aux collègues de cette policière assassinée, les mêmes profils coupables de cette barbarie, les mêmes motifs islamistes… On n’en peut plus», a ainsi attaqué Marine Le Pen. Dans leurs réactions, les dirigeants du RN fustigent également le profil de l’assaillant, immigré tunisien arrivé en France en 2009 et régularisé en 2019 : «Encore une “chance pour la France” qui fait couler le sang des Français, balance le sénateur des Bouches-du-Rhône, Stéphane Ravier. La suicidaire politique d’immigration : stop ou encore ? !» Du côté du gouvernement, on s’est empressé de se rendre dans les Yvelines.
«Vie paisible». Rapidement après l’annonce de l’attaque, Matignon a fait savoir que le Premier ministre, Jean Castex, partait pour Rambouillet au côté du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. De retour d’un déplacement dans le Puy-de-Dôme pour parler retraites des agriculteurs, le chef du gouvernement a rendu hommage «aux forces de police qui ont immédiatement neutralisé l’auteur des faits» et a tenu à rappeler que «la détermination [du gouvernement] à lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes est plus que jamais intacte». Un moyen pour l’exécutif de contrer les critiques de la droite et de l’extrême droite sur la lutte contre le terrorisme. «Du combat engagé contre le terrorisme islamiste, nous ne céderons rien», a surenchéri Emmanuel Macron quelques minutes après son Premier ministre.
Cette attaque intervient alors que le chef de l’Etat veut, dans la perspective de la présidentielle de 2022, démontrer qu’il n’a pas fait preuve de «laxisme» sur les questions de sécurité. Un an avant le premier tour et alors que la sécurité occupe les premiers rangs dans les «préoccupations» des Français dans les enquêtes d’opinion, Macron a rappelé dans cette interview au Figaro, les «10 000 postes supplémentaires» que ses gouvernements auront créés durant ce premier quinquennat et promis que «chaque circonscription de police aura plus de policiers à la fin du quinquennat qu’au début, sans exception». Le tout en promettant de «se battre pour le droit à la vie paisible». Pas de quoi convaincre les oppositions de droite et d’extrême droite qui continuent de dénoncer de la simple «communication».
Après l’acquittement en appel de huit des treize jeunes accusés d’avoir attaqué et brûlé des policiers à Viry-Châtillon il y a moins de quatre ans, la présidente de la région Ile-deFrance, Valérie Pécresse, avait par exemple fustigé une «justice […] défaillante». Son homologue des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, dénonçait pour sa part un «soutien [aux policiers] à géométrie variable», soulignant un prétendu «sentiment d’impunité». Le déjà candidat à l’élection présidentielle avait proposé la mise en place d’une peine de prison automatique d’un an minimum pour tout agresseur de policier.
Peu après l’annonce de l’attaque de Rambouillet, la droite a renouvelé ses appels à agir pour défendre les policiers. «La police est très attaquée et il va falloir que le gouvernement envoie enfin un signe pour les protéger», a appelé de ses voeux le député LR des Yvelines Philippe Benassaya sur BFM TV. D’après l’Opinion, un texte de l’exécutif sur le terrorisme et le renseignement a déjà passé l’étape du Conseil d’Etat et devrait, selon l’entourage de Gérald Darmanin cité par le quotidien libéral, arriver en Conseil des ministres «dans les prochaines semaines».
«Du combat engagé contre le terrorisme islamiste, nous ne céderons rien.»
Emmanuel Macron